Agnès V., aide-soignante chez Korian, prend la parole

Aide-soignante au sein de l’Unité de Vie Protégée de l’EHPAD Saint-François du Las, Agnès V. nous fait découvrir les coulisses de son métier où chaque jour est différent de la veille, l’attachement qu’elle a pour les résidents qu’elle accompagne, et terminera en donnant ses conseils aux jeunes qui seraient intéressés par la profession et les perspectives d’évolution qu’elle offre.

Agnès, en quoi consiste le métier d’aide-soignante en EHPAD ?

Au quotidien j’évolue avec mes collègues aides-soignantes au sein d’une formidable équipe, très soudée et passionnée, et c’est une chance pour tous de pouvoir travailler dans ces conditions autant pour nous que pour les résidents. 
Tout est dit dans l’appellation de notre métier d’aide-soignante : nous aidons et nous soignons.

En effet, le volet « aide » consiste à accompagner des personnes âgées en perte de capacité dans des soins d’hygiène, de confort, mais aussi d’aide alimentaire ou de ce qu’on appelle le nursing (pose de changes auprès de personnes incontinentes, aide au coucher…). Et nous sommes aussi des soignantes, même s’il est vrai que le grand public a souvent tendance à l’oublier.
Nous disposons d’une formation solide dans l’aspect « soin » : nous sommes les yeux et les oreilles de l’infirmière, du médecin coordonnateur, du cadre de santé, à travers un énorme travail d’observation et de transmission. Nous faisons remonter tout ce qui paraît pertinent et important à nos collègues afin de permettre des prises en charge adaptées au fil de l’évolution de l’état de santé du résident. En tant qu’aide-soignante, je dois donc être en mesure d’observer, d’alerter en cas de changement d’état clinique du résident, de prendre des constantes et divers paramètres vitaux, je suis également formée aux premiers secours (massages cardiaques, réanimation, etc…), ce qui fait de mon métier un maillon essentiel de l’équipe que nous formons.

Quelle est la journée-type d’une aide-soignante en EHPAD ?

À titre personnel, je suis aide-soignante dans l’Espace de Vie Protégée (EVP) de mon établissement. La vie des résidents dans les EVP est quasiment la même que celle des autres résidents, mais l’espace de vie est particulièrement protégé en raison des troubles de la déambulation, y compris nocturnes, symptomatiques des résidents souffrant de démences. Cela perturbe notamment les temps de repas : les résidents de l’EVP que je prends en soin, ne déjeunent et ne dînent pas avec les autres résidents de l’EHPAD, mais bien tous ensemble dans un espace de vie qui nous est dédié et il en est de même pour les activités.

Ainsi, la journée au sein de l’EVP commence par la préparation du petit-déjeuner vers 7 heures, puis nous faisons la toilette en chambre des résidents avec une observation clinique de chacun d’entre eux. En fin de matinée, vient l’heure du repas : nous prenons alors le temps d’installer les résidents à table, puis de les aider dans leur prise alimentaire, et là encore, nous opérons une surveillance de l’alimentation et l’hydratation des résidents. Nous repérons qui mange bien, qui mange peu, qui a besoin d’une portion supplémentaire, qui a besoin d’une aide, etc… Puis, pour certains c’est le moment de la sieste, ensuite le goûter et l’activité, proposée selon les désirs et l’humeur des résidents (activités Flash, TNM, lecture, dessin, temps de parole sur leur famille, leurs souvenirs…). Enfin, nous accompagnons les résidents pour le dîner et le coucher. 
En somme, chaque journée est différente, il n’existe pas de routine dans notre métier, malgré un fil conducteur. On s’adapte beaucoup aux résidents, à leur état de santé, à leur humeur selon les jours, et en fonction, nous organisons la journée différemment que ce soit dans notre accompagnement ou dans les propositions d’activités.

Quelle est votre relation avec les résidents ? Quel lien, quel attachement vous unit ?

En tant qu’aide-soignante, je vis au quotidien avec les résidents, donc forcément un lien particulier se créé entre nous. Mes collègues et moi-même considérons chaque résident de la même manière, avec la même dignité, le même respect dans notre prise en soin, dans notre temps consacré à chacun, dans notre manière de nous adresser à eux. Je n’envisagerais d’ailleurs pas de faire ce métier sans dignité, c’est une évidence pour moi comme pour tous mes collègues. Nous avons beaucoup d’affection et sommes attentives à eux, à leur état de santé, leurs doutes, autant que nous le serions pour nos parents, oncles et tantes. Pour autant, afin de ne pas se laisser submerger et continuer d’exercer son métier de la meilleure manière qu’il soit, il est absolument nécessaire d’instaurer une certaine distance émotionnelle, en particulier lors du décès d’un résident. Cela n’est pas évident, surtout en début de carrière pour des jeunes aides-soignantes, mais avec l’âge, la maturité, mais aussi par notre formation, nous apprenons à gérer cela. Nous savons au fur et à mesure faire la part des choses, avec toute l’empathie, l’attachement et la sincère affection que nous portons à chaque résident.

Auriez-vous une anecdote à nous partager sur votre quotidien ?

Il faut dire que nos journées sont des anecdotes à elles seules ! Tous les jours, on a quelque chose qui va nous faire rire : une parole, une main qu’on nous attrape, de longs câlins avec les résidents… Je pourrais vous en citer des centaines, mais malgré les moments difficiles comme l’état de santé d’un résident qui s’aggrave ou un décès, notre mission est aussi et surtout de distiller de la joie, une énergie solaire dans l’établissement et de créer de beaux moments de partage, de rire, de bonne humeur entre tous, c’est absolument primordial pour les résidents comme pour les équipes.

Enfin, pourquoi avez-vous-choisi ce métier et quels conseils donneriez-vous à un jeune qui envisage une carrière d’aide-soignant dans un EHPAD ?

Auparavant, j’ai exercé pendant de nombreuses années un autre métier, mais je ressentais le manque de proximité avec l’autre et un désir profond d’entamer une carrière dans le soin au plus près des patients et résidents. J’ai alors décidé à la quarantaine de me former au métier d’aide-soignante et je ne regrette absolument pas ce choix de vie, je ne me lasse pas de mon métier. J’en suis fière, fière d’avoir chaque jour la sensation d’avoir fait au mieux pour les résidents.

Pour les conseils aux jeunes, tout d’abord, je pense qu’il est nécessaire de dépoussiérer le métier d’aide-soignante de cette vilaine image que beaucoup de gens ont, visant à penser que nous ne faisons que des toilettes, des changes. Or, c’est bien plus que cela, preuve en est que si notre métier était aussi facile, si tout le monde savait soigner, nous n’aurions pas besoin de passer un diplôme exigeant à la suite d’une formation difficile et complète d’une année, avec un vrai niveau requérant des compétences précises et qualifiantes. Je dirais donc à ces jeunes qu’il faut avant tout être fait pour le soin, on s’en rend d’ailleurs vite compte pendant la formation. Nous avons beaucoup de perspectives de carrière dans ce métier : nous pouvons suivre des spécialisations en gérontologie, en hygiène, en incontinence… ou encore passer le diplôme d’infirmière pour enrichir notre formation. 

Enfin, je leur dirais aussi que certes il s’agit d’un métier difficile (physiquement, psychologiquement, au niveau des horaires…) mais qui vaut le coup, car passionnant, avec beaucoup de reconnaissance de la part des résidents et leurs familles. En effet, nous avons tellement de beaux retours, de gratitude, notamment lorsqu’on aide des personnes en grande difficulté. On voit une lumière qui brille dans leurs yeux. Tous les jours les personnes nous disent « merci », « heureusement que vous êtes là », parfois même « vous êtes des saintes ». Aide-soignante c’est l’un des plus beaux métiers parmi les beaux métiers.