La parole à David Foulon, directeur du Pôle Soin - Nos bonnes pratiques pour lutter contre les escarres

Qu’est-ce qu’une escarre ?

Une escarre est une lésion cutanée due à un point de pression que l’on applique sur la peau de façon prolongée. Les tissus, n’étant pas oxygénés par la circulation sanguine, se détériorent. Il existe plusieurs stades de gravité pour une escarre, de la rougeur persistante à l’atteinte des muscles et des tendons jusqu’à l’os. L’apparition d’une escarre et son évolution dépendent de plusieurs facteurs de risques. 

Pourquoi les personnes âgées sont-elles plus susceptibles d’en avoir ?

Les personnes âgées peuvent cumuler plusieurs facteurs de risques. Le plus important est l’immobilité due aux troubles de la conscience et aux troubles moteurs liés au grand âge.
Elles vont moins ressentir la sensation des points de pression sur leur peau, auront de la difficulté pour changer seules de position ou améliorer leur assise lorsqu’elles sont sur un fauteuil. 
Par exemple, rester statique dans un lit, dans un fauteuil ou sur un brancard peut occasionner des points de pression et donc l’apparition d’escarres. 

D’autres facteurs peuvent aussi avoir un impact important, comme la macération/l’humidité, la dénutrition, des pathologies spécifiques, la prise de certains médicaments, du matériel inadapté ou mal réglé (fauteuil roulant, chaussage…)

Que mettez-vous en place chez Korian pour prévenir les escarres chez les résidents ?

Notre priorité est avant tout préventive afin d’éviter l’apparition d’escarres. Pour cela, nous déployons du matériel dédié et spécifique de haute qualité. Sauf demande particulière, tous nos matelas sont en mousse de type viscoélastique, qui sont des matelas de prévention. Pour les résidents les plus fragiles, nous proposons également des matelas de densités différentes entre les talons et le haut du corps. Selon les cas, des matelas plus techniques de type matelas à air peuvent être recommandés. Ces matelas à air se gonflent et se dégonflent tout doucement en continu afin que les points de pression sur le corps changent. Notre prévention passe aussi par exemple par des coussins de prévention installés sur les fauteuils roulants. Il peut arriver également de prescrire des chaussures adaptées. En effet, les zones du pied sont fragiles et peuvent contracter aussi des escarres.

Notre deuxième axe porte sur la prise en soin curative. Dans ce cas, notre objectif est de favoriser une guérison rapide et confortable. Pour cela, nous référençons et mettons à disposition de nos personnels soignants (Médecins, Infirmières…) des pansements dits « pansements complexes » ayant des propriétés de cicatrisation efficientes. Les actes de prévention vont également être renforcés comme les changements de position pour les points de pression, la fréquence des changes éventuels, l’enrichissement de l’alimentation... 
En complément des soins, le matériel est également adapté par la mise en place ou l’augmentation du niveau technique de supports curatifs de type matelas à air.

Le temps de guérison d’une escarre bien prise en soin est long, parfois plusieurs mois selon les stades. Il est cependant très important, quand l’escarre est terminée, de réévaluer la pertinence du maintien du matériel de prévention. Nous sommes vigilants à la « dé-prescription » afin d’éviter par exemple l’utilisation chronique de matelas à air pour revenir sur des supports plus confortables de type mousse. Nous privilégions le bien-être du résident avant tout.

Comment évaluez-vous le risque d’escarres chez les résidents ?

Lorsqu’un résident entre dans l’un de nos établissements, nous évaluons son état de santé afin de vérifier, entre autres, s’il présente des escarres ou s’il a un risque d’en contracter. 
Pour cela, nous avons à notre disposition et utilisons des échelles reconnues internationalement comme l’échelle de « Braden » ou de « Norton ». Si le résident présente un risque élevé d’escarres, nous allons adapter individuellement nos protocoles préventifs et curatifs. Nous allons être très vigilants sur les facteurs de risques. Cette évaluation est reconduite tous les ans et plus si nécessaire en fonction des besoins des résidents et de l’évolution de leur état de santé. 

Quelle est la formation des équipes sur ce sujet ?

De nombreuses formations sont à disposition du personnel, comme des formations en e-learning, des outils de bonnes pratiques ou encore des formations « plaies et cicatrisation » disponibles toute l’année. Nos partenaires spécialisés dans les plaies et cicatrisation mais aussi ceux sur la nutrition ou les produits d’incontinence, interviennent également auprès des équipes de nos établissements en nous apportant leur expertise. 

En interne, nous avons mis en place une instance nationale « Plaies et Cicatrisation » dans laquelle nous analysons notamment, toutes les situations d’escarres rencontrées dans nos établissements et les solutions apportées. Depuis plusieurs années, nous menons régulièrement des campagnes de sensibilisation et de prévention de nos équipes soignantes.

Toutes ces actions nous ont permis de baisser significativement le nombre d’escarres qui est l’un des plus bas dans notre secteur d’activité. 

Quels conseils pratiques pouvez-vous donner aux familles pour contribuer à la prévention des escarres ?

Je peux leur donner plusieurs conseils : rester vigilant sur les points de pression de leur proche afin qu’ils soient le plus limité possible, avoir des changes adaptés, lutter contre la dénutrition. Et surtout ne pas hésiter à se rapprocher des équipes soignantes de nos maisons si elles ont la moindre question ou inquiétude sur ce sujet : elles sauront leur apporter toutes les explications nécessaires et les rassurer.