DERNIÈRE MISE À JOUR : 01/12/2023

Syndrome de glissement : causes, symptômes et traitements

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Syndrome de Glissement

Le syndrome de glissement toucherait 1 à 4 % des personnes âgées hospitalisées. Cet état spécifique au grand âge peut évoluer rapidement, allant jusqu’au décès en quelques jours ou semaines dans plus de 80 % des cas. Qu’est-ce que le syndrome de glissement ? Comment le reconnaître et le prévenir ? Quelle prise en charge possible ? Voici plus d’explications sur ce syndrome avec le Dr Sandrine Tournier, médecin gériatre.

Qu’est-ce que le syndrome de glissement ?

Le syndrome de glissement survient chez les personnes âgées, le plus souvent fragiles et polypathologiques (3 pathologies chroniques évolutives au minimum), majoritairement après 80 ans. Ce syndrome se caractérise par un déclin généralisé et rapide de l’état physique et psychique de la personne âgée.

Syndrome de glissement : retour sur l’origine du concept

Cette notion de syndrome de glissement a pour la première fois été évoquée par le Dr Jean Carrié en 1956 dans sa thèse d’exercice. Par ce terme, il cherche à caractériser le processus de fin de vie d’une personne âgée correspondant à une involution (régression spontanée) et une sénescence totale (ralentissement de l’activité vitale), s’apparentant à un « glissement ».

Ce concept a ensuite été repris par le Dr Delomier, qui décrit le syndrome de glissement comme une décompensation aiguë consécutive à une maladie initiale en voie de guérison et qui en quelques jours ou quelques semaines conduit au décès du patient si un traitement approprié n’est pas mis en place.

Le Dr Tournier, médecin gériatre, confirme que dans cette affection spécifique au grand âge, le déclin des personnes est soudain et parfois très rapide.

Elle souligne toutefois qu’il n’existe pas de définition universelle du syndrome de glissement ni de validation des experts, tous corps médicaux confondus. Le terme est principalement évoqué en France et peu dans le reste du monde.

Le syndrome de glissement est utilisé dans certains milieux gériatriques, mais reste controversé, car les symptômes peuvent être confondus avec ceux de la dépression de la personne âgée, le délire et l’apathie liés à une cause organique ou médicamenteuse.

Les symptômes du syndrome de glissement

Le comportement de la personne âgée change brutalement. Celle-ci se replie sur elle et perd le goût de vivre. La personne âgée qui vit un syndrome de glissement ressent une grande fatigue généralisée.

Elle refuse de :

  • se lever, de quitter le lit, de se déplacer ;
  • s’alimenter et/ou de boire ;
  • se laver ou de recevoir des soins ;
  • communiquer, allant jusqu’au mutisme total ;
  • s’engager dans les activités de la vie quotidienne habituelles ;
  • bouger, allant jusqu’à la catatonie.

Des signes psychiques apparaissent :

  • repli sur soi ;
  • dépression, angoisses ;
  • agitation et agressivité ou au contraire une passivité extrême ;
  • désir plus ou moins clairement exprimé de mourir.

Les causes d’un syndrome de glissement chez la personne âgée

À ce jour, les causes du syndrome de glissement ne sont pas totalement comprises. Toutefois, le Dr Tournier explique que le syndrome de glissement concerne le plus souvent un profil particulier : les personnes âgées fragiles et polypathologiques, ayant un terrain prédisposant. Elle ajoute qu’il y a toujours un facteur déclenchant.

Les facteurs déclenchants peuvent être liés à une hospitalisation suite à l’annonce d’une maladie aiguë ou d’un traumatisme (chute, fracture…), mais aussi à un choc émotionnel ou un événement mal vécu comme :

  • la perte du conjoint ou d’un proche ;
  • l’entrée en Ehpad ;
  • un déménagement, etc.

Les conséquences du syndrome de glissement

Les conséquences sont importantes. La dénutrition, la déshydratation accentuée par la dépression, les angoisses, le refus de bouger, le manque d’hygiène et les idées noires entraînent rapidement une dégradation générale de l’état de santé de la personne âgée. Le risque d’infections et la décompensation de pathologies sous-jacentes peuvent survenir. Des troubles cognitifs apparaissent (mémoire, attention, langage…). Les chutes augmentent. L’évolution est rapide et peut conduire au décès en quelques jours ou semaines.

Les traitements possibles

Le syndrome de glissement nécessite une approche multidisciplinaire (médecins, infirmiers, travailleurs sociaux, psychologues, psychiatres, kinésithérapeutes, ergothérapeutes…) afin de mettre en place une prise en charge adaptée et personnalisée.

Cette prise en charge complexe accélère généralement l’​entrée en Ehpad ou dans un service de réadaptation pour les personnes âgées encore à domicile.

L’accompagnement comprend :

  • la prise en charge nutritive via une alimentation équilibrée et une supplémentation nutritionnelle si cela est nécessaire ainsi qu’une réhydratation ;
  • une réévaluation des médicaments en cours pour éliminer toute autre cause pouvant entraîner le syndrome de glissement ;
  • la mise en place d’un traitement médicamenteux pour traiter les symptômes associés (infections, dépression, anxiété…) ;
  • un suivi psychologique ;
  • une réadaptation avec un kinésithérapeute pour stimuler la mobilité ainsi que de l’activité physique afin de récupérer une force musculaire et préserver l’autonomie de la personne âgée.

 

Prévenir le syndrome de glissement

Le syndrome de glissement reste imprévisible. De manière générale, suite à un événement particulier ou un choc émotionnel, les aidants, familles et soignants entourant une personne âgée doivent être particulièrement vigilants. Il est essentiel d’être attentif à tout changement ou comportement inhabituel (refus de bouger, de se lever ou de s’alimenter…) afin d’agir rapidement.

Lorsqu’une personne âgée traverse une période difficile physiquement et/ou psychologiquement, il est important d’être présent à ses côtés et de l’écouter sans la juger ni l’infantiliser. Mais aussi de :

  • surveiller régulièrement l’évolution de son état de santé général ;
  • maintenir une alimentation variée et équilibrée ;
  • inciter à la mobilité via une activité physique régulière ou un programme d’exercices spécifiques pour préserver son autonomie le plus longtemps possible ;

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