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Le Dr. Aurélie Jazeron est médecin coordonnateur à l’EHPAD Korian Le Rayon d’Or à Lagord. Elle veille sur la santé des résidents et à la bonne application des pratiques gériatriques, notamment en matière de nutrition. Aujourd’hui, elle nous éclaire sur la dénutrition chez les personnes âgées et comment y remédier.
Pouvez-vous expliquer ce qu’est la dénutrition et comment elle affecte les personnes âgées ?
La dénutrition se caractérise par un déséquilibre entre les apports alimentaires (protéines, calories) et les besoins de l’organisme. Bien qu’elle puisse toucher tout le monde, elle est particulièrement fréquente chez les personnes âgées en raison de facteurs liés à l’âge : perte d’appétit, maladies chroniques (diabète, hypertension, démence), ou encore diminution des capacités gustatives et olfactives, ce qui réduit le plaisir de manger.
Quels sont les outils utilisés pour surveiller et diagnostiquer la dénutrition ?
Pour diagnostiquer la dénutrition, nous utilisons des critères définis par la Haute Autorité de Santé (HAS). Parmi eux, la perte de poids est un indicateur clé : une perte de 5 % en un mois ou de 10 % en cinq mois est signifiante pour juger d’une dénutrition. Une mesure du taux d’albumine dans le sang peut être opérée pour confirmer une hypothèse de dénutrition et établir sa sévérité. La taille et le poids des résidents sont mesurés régulièrement afin de calculer leur IMC. Nous effectuons un suivi du poids au moins une fois par mois, et plus fréquemment en cas de dénutrition sévère.
Quels sont les signes physiques et psychologiques de la dénutrition, notamment chez les résidents souffrant de troubles cognitifs ?
Physiquement, la dénutrition se manifeste par une perte de poids, un amaigrissement, et une diminution de la force et de l’endurance. Si nous n’effectuons pas de contrôle fréquent, ces signes peuvent être discrets et passer inaperçus. La dénutrition n’a pas de symptômes psychologiques spécifiques, bien que des pathologies comme la dépression puissent entraîner une perte d’appétit, qui peut également être à l’origine ou aggraver la dénutrition.
Comment la dénutrition est-elle traitée au sein des EHPAD Korian ?
La prise en soin repose sur deux axes principaux : l’enrichissement de l’alimentation et la rééducation physique. Nous augmentons l’apport calorique et protéique en enrichissant les repas avec des aliments riches en graisses et en protéines, comme la crème, le fromage ou les œufs. Si cela ne suffit pas, des compléments nutritionnels oraux (CNO) peuvent être prescrits par un médecin et consommés deux fois par jour en dehors des repas. En parallèle, il est essentiel de stimuler la masse musculaire grâce à des exercices physiques, organisés par des professeurs en Activité Physique Adaptée (APA), les kinésithérapeutes et les animateurs (à travers des promenades extérieures par exemple…). Cette rééducation aide les résidents à maintenir ou retrouver une partie de leur autonomie.
Le traitement de la dénutrition est toujours personnalisé : à titre d’exemple une personne atteinte d’un cancer n’aura pas le même régime qu’une personne souffrant de dépression. Les préférences alimentaires du résident sont également prises en compte pour garantir le plaisir de manger, essentiel pour éviter la dénutrition.
Quelles améliorations constatez-vous chez les résidents après une prise en charge réussie de la dénutrition ?
Lorsque la dénutrition est bien traitée, on observe une amélioration significative de l’autonomie. Par exemple, certains résidents qui rencontraient des difficultés à se déplacer seuls, ont retrouvé cette capacité après quelques mois de renutrition. Même s’ils utilisent un déambulateur, le fait de pouvoir se déplacer sans aide améliore considérablement leur qualité de vie. Cela peut sembler un détail, mais retrouver une part d’autonomie a un réel impact positif sur leur moral. Nous fixons souvent cet objectif aux résidents : regagner une autonomie grâce à la renutrition.
Quels conseils donneriez-vous aux aidants pour prévenir la dénutrition chez leur proche ?
Je recommande aux aidants de surveiller régulièrement le poids de leur proche, en réalisant une pesée une fois par mois pour détecter toute variation importante. L’alimentation doit rester un plaisir, même en cas de régime spécifique comme un régime sans sel ou sans sucre et dans ce cas, il est important d’avoir l’avis d’un médecin ou d’une diététicienne. Maintenir le plaisir de manger est crucial pour prévenir la dénutrition. Lorsqu’on prend de l’âge, on a tendance à avoir moins d’appétit, donner des collations entre les repas est donc fortement recommandé. Enfin, si le sommeil de votre proche est fragmenté vous pouvez également lui mettre à disposition un encas qu’il pourra consommer durant la nuit.
La sensibilisation sur la dénutrition est-elle suffisante ?
La dénutrition chez les personnes âgées reste un problème persistant, surtout à domicile où la sensibilisation est plus faible qu’en EHPAD. Un tiers des résidents arrivent en EHPAD déjà dénutris, un chiffre qui peut atteindre 50 % selon leur provenance (hôpital ou domicile). La situation est d’autant plus complexe que les résidents entrent de plus en plus âgés en EHPAD, ce qui augmente le risque de dénutrition sévère. Il est donc important d’intensifier la sensibilisation au domicile, notamment via les médecins traitants.
Pouvez-vous nous parler du CLAN et de votre rôle au sein de celui-ci ?
Le CLAN (Comité de Liaison en Alimentation et Nutrition) est une instance obligatoire dans chaque établissement dédié à la gestion des questions d’alimentation et de nutrition. En EHPAD, il est centré sur l’évaluation de la dénutrition et l’amélioration des repas en collaboration avec le chef cuisinier. Composé généralement des membres de la direction, du chef cuisinier et d’un MEDEC, il se réunit au minimum trois fois par an.
Le CLAN National Clariane, qui regroupe les experts des différentes activités du Groupe (Maisons de retraite, Cliniques de soins, services à domicile…), adopte une vision globale et s’assure que les établissements suivent les recommandations officielles. Il organise des groupes de réflexion pour améliorer les pratiques en matière de nutrition et se déroule au minimum une fois par trimestre donc quatre fois par an. Mon rôle au sein du CLAN National est de remonter les problématiques spécifiques aux EHPAD pour que les directives tiennent compte des besoins des personnes âgées.