DERNIÈRE MISE À JOUR : 07/11/2023

Hypertension artérielle : causes, symptômes et traitements

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Hypertension artérielle : causes, symptômes et traitements

L’hypertension artérielle est la maladie chronique la plus fréquente dans le monde. Selon les chiffres de l’Assurance Maladie, près de 12 millions de personnes en France étaient suivies pour HTA en 2017. Toutefois, parmi les personnes atteintes, 20 % ne sont pas traitées et 50 % ne le sont pas suffisamment. Pourtant, le dépistage précoce et la prise en charge de l’HTA sont essentiels. Voici tout ce qu’il faut savoir sur l’hypertension artérielle avec le Dr Sandrine Tournier, médecin gériatre.

Qu’est-ce que l’hypertension artérielle (HTA) ?

L’hypertension artérielle, ou HTA, est une maladie chronique qui se caractérise par une élévation trop importante de la pression du sang dans les artères. En effet, les parois des artères subissent une pression lorsque le cœur se contracte et l’éjecte afin d’acheminer oxygène et énergie à l’organisme. Cette tension peut se mesurer. Elle s’exprime par deux valeurs :

  • La pression artérielle systolique (PAS) : pression maximale au moment où le cœur propulse le sang dans les artères.
  • La pression artérielle diastolique (PAD) : pression minimale dans les artères au moment où le cœur se dilate et se remplit.

On parle d’hypertension artérielle lorsque la pression artérielle (PA), mesurée en cabinet médical et persistant dans le temps, est supérieure ou égale à 140/90 mmHg. En dessous de 140/90 mmHg, la tension artérielle est normale.

Quels sont les symptômes de l’hypertension artérielle ?

Une HTA ne provoque généralement aucun symptôme au début. L’hypertension artérielle ne se ressent pas, c’est pourquoi elle est le plus souvent découverte fortuitement.

Les symptômes suivants, toutefois peu spécifiques, peuvent permettre d’évoquer une hypertension artérielle :

  • des maux de tête à l’arrière du crâne, survenant plutôt le matin et ne diminuant pas avec la prise d’antalgiques ;
  • des bourdonnements dans les oreilles ;
  • des troubles de la vision (mouches volantes devant les yeux) ;
  • de la fatigue ;
  • de la nervosité ;
  • des sueurs et bouffées de chaleur ;
  • des insomnies ;
  • des saignements de nez.

Quels sont les facteurs de risque de l’hypertension artérielle ?

Si les causes de l’hypertension artérielle sont souvent floues, les facteurs de risques sont bien connus.

L’âge

Avec le vieillissement, la paroi des artères devient moins souple. Ainsi, le risque d’HTA s’accroît, atteignant 40 % des personnes à 65 ans et 90 % à 85 ans.

Les antécédents familiaux

Le risque de développer une hypertension artérielle est plus élevé chez les personnes dont un ou plusieurs membres de la famille ont déjà développé une HTA.

L’hygiène de vie

Certains comportements peuvent augmenter la tension artérielle :

  • une alimentation trop riche en sel, et pauvre en fruits et légumes ;
  • une consommation importante d’alcool (dès 3 verres par jour pour l’homme et 2 verres pour la femme) ;
  • le tabagisme ;
  • une activité physique insuffisante et une sédentarité excessive ;
  • un surpoids ou une obésité ;
  • le stress chronique ;
  • la consommation excessive de réglisse ;
  • un taux élevé de mauvais cholestérol et peu de bon cholestérol.

Une pathologie préexistante

Dans certains cas, l’hypertension artérielle est consécutive à une maladie (maladies des reins ou des glandes surrénales) ou à un syndrome d’apnée du sommeil chez une personne obèse.

Les médicaments et les drogues

La prise de certains médicaments de manière prolongée peut entraîner une HTA : les corticoïdes, les antidépresseurs, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les vasoconstricteurs nasaux ou encore les œstrogènes. C’est également le cas pour la consommation de toxiques : cannabis, cocaïne...

Comment mesurer la pression artérielle (PA) ?

Le médecin généraliste ou tout autre médecin spécialiste doit régulièrement mesurer la tension artérielle chez ses patients afin de dépister le plus tôt possible l’apparition d’une HTA et mettre en place un traitement adapté.

La mesure au cabinet médical

Les mesures d’une hypertension artérielle doivent être constatées à plusieurs reprises, lors de consultations chez le médecin sur une période de 3 à 6 mois. La Haute autorité de santé (HAS) préconise que ces mesures soient relevées en cabinet au minimum deux fois avec un tensiomètre électronique validé et adapté à la taille du bras.

La première fois, la pression artérielle doit être mesurée aux deux bras et associée au contrôle du pouls. Si les mesures ne sont pas identiques sur les deux bras, le suivi sera réalisé sur le bras pour lequel la pression artérielle est la plus élevée. La position idéale est assise ou couchée, au repos dans le calme depuis quelques minutes.

Une deuxième mesure est effectuée debout, après un petit moment, pour vérifier qu’il n’y ait pas de chute anormale de la tension artérielle. On parle alors d’hypotension orthostatique – cela concerne surtout les personnes âgées et/ou diabétiques. L’hypotension orthostatique correspond à une diminution d’au moins 2 points de la pression artérielle systolique (PAS).

La mesure en dehors du cabinet médical

Afin de confirmer le diagnostic et avant tout traitement, la pression artérielle peut être mesurée hors du cabinet selon deux techniques : l’automesure tensionnelle (AMT) ou la mesure ambulatoire de la PA (MAPA). Comme l’explique le Dr Tournier, l’objectif est de vérifier que l’HTA en consultation est également présente en dehors du cabinet pour éviter l’effet HTA blouse blanche : une tension artérielle élevée au cabinet du médecin et normale au domicile. En effet, chez certaines personnes, le simple fait de voir un médecin peut déclencher une hausse de la pression artérielle.

Un autre phénomène est également possible : l’HTA masquée. Il s’agit d’une tension artérielle élevée à domicile et normale en présence du médecin. Elle concerne généralement les personnes diabétiques.

L’automesure tensionnelle (AMT) se fait avec un appareil validé, adapté à la taille du bras. La mesure de la tension artérielle se fait sur 3 jours consécutifs, en position assise, au repos, avec l’avant-bras posé sur la table :

  • 3 fois le matin, avant le petit-déjeuner, à 2 minutes d’intervalle ;
  • 3 fois le soir, au coucher, à 2 minutes d’intervalle.

Si la pression artérielle est supérieure ou égale à 135/85 mmHg (chiffres plus bas qu’au cabinet), cela traduit une hypertension artérielle.

Le médecin traitant peut également demander une mesure ambulatoire de la pression artérielle lorsque la tension artérielle est variable selon le moment de la journée. Le patient porte son appareil autour du bras en continu pendant 24 heures, en effectuant ses activités habituelles.

Que faire lorsqu’une hypertension artérielle est avérée ?

Le Dr Tournier souligne que dès qu’une HTA est diagnostiquée, cela doit déclencher un bilan complet. Celui-ci inclut un interrogatoire pour rechercher d’autres facteurs de risque cardio-vasculaire associés (consommation d’alcool, tabac, sédentarité, stress professionnel, obésité, antécédents familiaux…). Mais également un examen clinique poussé, afin de rechercher des pathologies associées qui pourraient entraîner une hypertension artérielle ou d’autres pathologies cardiovasculaires. En complément, un bilan para-clinique sera mené, comprenant :

  • Un prélèvement sanguin pour rechercher un bilan lipidique perturbé (cholestérol, triglycérides...), un diabète associé (glycémie haute), une baisse de potassium dans le sang (hypokaliémie), une perturbation de la fonction rénale.
  • Un électrocardiogramme (ECG) pour étudier l’activité électrique du cœur.
  • Des examens complémentaires demandés au cas par cas pour rechercher une HTA secondaire, c’est-à-dire lorsque l’hypertension artérielle est la conséquence d’une autre maladie. En général, la suspicion d’une HTA secondaire est forte quand les chiffres tensionnels sont élevés (PAS > 180 ou PAD > 110 mmH) d’emblée, si le patient a moins de 30 ans, ou lorsqu’une hypokaliémie est décelée au cours du bilan biologique.

Pour les personnes âgées de plus de 75 ans, un repérage des éléments de fragilité, comme des troubles cognitifs, doit être réalisé, précise le Dr Tournier. Cela est important, car qui dit hypertension artérielle, dit mise en place de règles hygiéno-diététiques strictes et d’un traitement antihypertenseur pris correctement, sans interruption, afin de permettre une réponse thérapeutique satisfaisante.

Hypertension artérielle : quel traitement ?

Le traitement de l’hypertension artérielle comprend des règles hygiéno-diététiques et, si elles sont insuffisantes, la mise en place d’un traitement médicamenteux. Les bénéfices de ce traitement sont nombreux : réduction du risque d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), de démence, d’insuffisance cardiaque, d’infarctus du myocarde, de décès d’origine cardio-vasculaire et, in fine, hausse de l’espérance de vie.

Des objectifs cibles à 6 mois

Les 6 premiers mois qui suivent l’annonce du diagnostic, une consultation de suivi a lieu tous les mois avec le médecin généraliste. Des objectifs sont fixés par le médecin traitant ou le cardiologue :

  • une pression artérielle systolique (PAS) comprise entre 130 et 139 mmHg et une pression artérielle diastolique (PAD) inférieure à 90 mmHg en cabinet médical ;
  • une pression artérielle en automesure tensionnelle ou une mesure ambulatoire de la pression artérielle de 135/85 mmHg.

Le Dr Tournier souligne que pour les personnes âgées (plus de 85 ans), il faut être particulièrement vigilant. Les objectifs cibles à atteindre sont un peu plus élevés, car il faut éviter toute hypotension, notamment l’hypotension orthostatique qui est la plus fréquente. En effet, la baisse de la pression artérielle peut entraîner des troubles visuels ou des étourdissements augmentant les risques de chute et de fractures, ce qui est tout aussi problématique que l’hypertension.

Les règles hygiéno-diététiques

Elles comprennent :

  • une activité physique adaptée et régulière ;
  • la perte de poids si nécessaire ;
  • une alimentation équilibrée et diversifiée à base de fruits, de légumes, d’aliments peu riches en graisses, et moins salée (6 à 8 grammes par jour maximum) ;
  • l’arrêt du tabac ;
  • la réduction ou l’arrêt total de la consommation d’alcool.

Les cas d’HTA blouse blanche et d’HTA masquée

Pour les personnes HTA blouse blanche, seules les règles hygiéno-diététiques sont mises en place avec un suivi médical régulier. En effet, il est fréquent que cela se transforme en HTA permanente à un moment donné. A contrario, les personnes ayant une HTA masquée nécessitent un traitement médicamenteux d’emblée, car les risques cardiovasculaires sont importants.

Des médicaments antihypertenseurs aux modes d’action différents

Le choix du médicament est fait par le médecin au cas par cas. Le Dr Tournier précise que pour les personnes âgées, il faut également faire très attention à la iatrogénie médicamenteuse, c’est-à-dire aux effets indésirables et aux conséquences parfois graves survenant à cause des interactions médicamenteuses.

Il existe plusieurs types de médicaments antihypertenseurs appartenant à des classes différentes :

  • les diurétiques thiazidiques ;
  • les bêta-bloquants ;
  • les inhibiteurs calciques ;
  • les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ;
  • les antagonistes des récepteurs à l’angiotensine 2 (ARA 2).

Leurs actions sont différentes. Certains agissent sur les hormones qui régulent la tension artérielle, d’autres sur la souplesse des artères, ou encore sur le surplus de sel et d’eau de l’organisme.

Un médicament est d’abord testé en monothérapie, puis un deuxième, de classe différente, est ajouté si nécessaire. Enfin, un troisième est intégré de manière à atteindre les objectifs cibles fixés. À chaque consultation, le médecin rappelle les règles hygiéno-diététiques et l’importance de la prise du traitement régulièrement et sans oubli.

Après 6 mois de traitement

Au bout des 6 premiers mois, le bon traitement est généralement trouvé. Les consultations de suivi s’espacent tous les 3 à 6 mois. La pertinence et la tolérance des médicaments prescrits sont réévaluées en permanence. Un bilan biologique est fait a minima tous les ans ou tous les 2 ans. Enfin, un électrocardiogramme est fait tous les 3 à 5 ans.

Dans certains cas, prescrire le bon traitement est plus compliqué à effectuer, on parle alors d’hypertension artérielle résistante. Le médecin doit pousser ses recherches pour en découvrir la cause (consommation d’alcool non avouée, état dysthymique ou dépression…). D’autres médecins spécialistes (néphrologue, endocrinologue…) peuvent également intervenir pour rechercher des pathologies associées pouvant entraîner une HTA.

Un traitement au long cours

Les traitements doivent être pris tous les jours, sur de très longues périodes, et parfois même à vie, car l’hypertension artérielle ne disparaît jamais complètement. Dès l’arrêt du traitement, la pression artérielle remonte. Une HTA non traitée favorise la survenue de complications cardiovasculaires et altère le fonctionnement des reins. Les risques se cumulent si la personne a d’autres affections.

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