DERNIÈRE MISE À JOUR : 06/03/2023

Interview de Clémence Degironde - Psychologue et Responsable des Thérapies Non Médicamenteuses chez Korian

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L’aidant est un pilier majeur de la personne âgée dépendante, en ce qu’il lui apporte un soutien moral, psychologique, un accompagnement quotidien, des visites régulières, parfois même un soutien matériel, etc… Tout cela peut avoir pour conséquence l’oubli de soi, la mise au second plan de sa propre santé, sa vie sociale… Or nous savons bien que pour mieux prendre soin des autres, il faut avant tout prendre soin de soi.

Interview de Clémence Degironde - Psychologue et Responsable des Thérapies Non Médicamenteuses chez Korian

Clémence Degironde, Psychologue et Responsable des Thérapies Non Médicamenteuses, aborde toutes les questions que vous pouvez vous poser et vous prodigue quelques conseils pour bien vivre sa vie d’aidant.
 

Qu’est-ce qu’un aidant ? Pourquoi est-ce si difficile ?


L’aidant est la personne qui accompagne une autre personne touchée par une perte d’autonomie au quotidien. Chacun d’entre nous a pu être aidant à un moment dans sa vie. 
Le chemin traversé par l’aidant n’est pas toujours simple. Il est difficile d’arbitrer entre être l’enfant ou le conjoint et la personne qui est responsable de toutes les décisions. Des sentiments contradictoires peuvent être récurrents et le sentiment de culpabilité est souvent un des plus forts : culpabilité de ne pas faire assez, ne pas faire le nécessaire, de ne pas deviner ce dont son proche a besoin. Les responsabilités sont multiples et parfois l’aidant peut se sentir submergé. 
Notre travail est d’aider l’aidant à traverser ces sentiments, à s’en libérer et pouvoir profiter pleinement de son proche. Cela peut être fait par le biais de temps d’échange avec le psychologue de l’établissement ou le médecin, ou encore par la participation à des groupes de parole pour les aidants. 
 

Accompagner un proche âgé et dépendant à domicile


Accompagner un proche âgé et dépendant à domicile représente un engagement fort et peut entrainer des conséquences importantes sur la santé physique et psychologique de l’aidant. 
Certains gestes et comportements peuvent faciliter la relation et contribuer à une diminution de l’agressivité et de l’agitation de son proche. Se mettre à sa hauteur, tant dans ses paroles que dans sa posture physique, se positionner dans son champ de vision, communiquer de manière adaptée, c’est-à-dire, adapter le ton de la voix en fonction des besoins de son proche, parler de manière calme et douce, sans pour autant l’infantiliser, éviter de le contrarier, essayer d’utiliser des phrases courtes et affirmatives, valider son ressenti et dans la mesure du possible l’amener dans un environnement calme, sont quelques pistes et comportements à adopter face à un proche âgée dépendant. 

L’ennui et le manque de stimulation, peuvent être à l’origine de nombreux troubles du comportement ainsi qu’à une évolution plus rapide des maladies neurocognitives. C’est pour cette raison qu’il est important de continuer à proposer des activités qui vont stimuler les différentes capacités physiques et cognitives du proche. Ces activités peuvent être des promenades à l’extérieur, petits exercices fonctionnels (en lien avec le conseil d’un professionnel), jeux de société (jeux de cartes, sudoku, etc), les faire parler d’une histoire ancienne, lire des livres, écrire des cartes, faires des petites tâches ménagères, faire du jardinage, faire de l’activité physique, comme aller à la piscine par exemple. Ces activités doivent être proposées en fonction des goûts de la personne et surtout doivent s’adapter à ses capacités et au stade de sa potentielle maladie. 

Une autre alternative qui pourra être considérée sera un accueil de jour, un espace qui accueillera la personne âgée dans la journée avec un programme d’activités adaptées, ainsi qu’un accompagnement de l’aidant, notamment pour la suggestion d’activités à faire à la maison ou même fournir des supports (comme le livret d’activités fonctionnelles et cognitives réalisés par différents professionnels : psychologues, paramédicaux, animateurs). 
 

Prendre soin de soi en tant qu’aidant


Comme il a été évoqué plus haut, accompagner un proche âgé à domicile n’est pas une tâche simple et anodine. L’impact que cela peut avoir sur la santé physique et émotionnelle est indéniable et c’est pour cette raison qu’il est primordial d’apprendre à prendre soin de soi avant de prendre soin des autres. Prendre soin de soi passe tout d’abord par identifier ses limites, comprendre ce que l’on peut supporter et ce qu’il n’est pas possible d’assumer. Savoir identifier et structurer des moments de répit où l’aidant pourra se ressourcer, faire des activités, comme être avec ses amis, faire du sport, ou autre activité qui lui apporte du plaisir. Ces moments seront essentiels pour garder un équilibre entre les différents rôles qu’il doit jouer. L’isolement social et le sentiment de solitude sont des facteurs, qui, associés à un épuisement physique et psychologique peuvent entraîner un burnout, risque majeur pour les aidants non professionnels. 
Participer à des groupes de parole, être entouré, est essentiel dans ces cas. Il y a aujourd’hui plusieurs associations, services et même nos EHPAD Korian qui proposent ces groupes d’aide et de discussion : Plateformes de répit, Dispositifs d’Appui à la Coordination (DAC), Centres Locaux d’Information et de Coordination (CLIC), Centre Communal d’Action Sociale (CCAS), Méthode d’Action pour l’Intégration des service d’Aide et de soins dans le champ de l’autonomie (MAIA), etc. 

La place de l’aidant quand son proche est dans un EHPAD Korian 


L’entrée en EHPAD est une étape importante tant pour le patient que pour son entourage. Afin de préparer au mieux l’entrée, les équipes de l’établissement peuvent réaliser une visite au domicile, afin de mieux connaitre les habitudes de vie du patient et du proche aidant. Il est important également de proposer une visite de l’établissement pour pouvoir choisir son lieu de vie et se projeter dans un nouvel environnement. Le futur résident est au centre de l’accompagnement, la recherche du consentement est requise lorsque cela est possible.

Lorsqu’une personne âgée refuse d’aller en maison de retraite, les raisons sont généralement les suivantes : le souhait de rester à domicile, le refus d’accepter sa perte d’autonomie et la minimisation des problèmes de santé, le budget, ainsi que le sentiment de culpabilité des proches, l’idée de laisser son parent à l’abandon et le manque d’information. Le refus d’entrée en maison de retraite résulte souvent de plusieurs idées reçues. Parfois, en se déplaçant sur un établissement, les personnes peuvent lever leurs doutes, aussi bien le patient que l’aidant. Le fait de rencontrer des professionnels formés peut alors dissiper les inquiétudes et les aider à comprendre le quotidien d’un établissement. Ça permet souvent de les rassurer également et comprendre, notamment pour les aidants, qu’ils resteront partie intégrante de la vie de leurs proches. 
Il existe des hébergements temporaires ou encore des accueils de jour pour que la personne âgée commence progressivement à connaitre la vie en établissement. 

Le proche aidant peut également se sentir soulagé parce qu’il ressent que l’environnement est suffisamment sécurisant pour son proche. Participer à des groupes de paroles entre aidants par l’expérience des autres peut aider à se sentir compris. Le récit des autres, ainsi que la verbalisation de son propre ressenti pourra aider à se décharger et à se sentir plus soulagé et rassuré.  
Par la participation à la vie de l’EHPAD, l’aidant s’investit dans cette nouvelle vie dans la mesure de ce qui est possible pour lui, tout en sachant qu’il sera toujours le bienvenu. 

Tout le travail est de retrouver chacun sa place, l’enfant de son parent, le conjoint, la conjointe. Profiter des moments d’échanges et de partage au travers d’un repas, ou d’une activité ludique.
Lorsque l’aidant a été très présent dans l’accompagnement de son proche, il peut ressentir le besoin de continuer de s’occuper de lui, en étant présent quotidiennement à l’EHPAD. Nous devons alors laisser cette place au proche tout en ayant recueilli l’avis du résident. Par exemple, pour les soins d’hygiène, le proche peut continuer de s’occuper de son parent en proposant des massages, poser du maquillage, mettre de la crème sur le visage...
Le proche aidant est inclus dans la vie de l’établissement, il peut participer aux activités de la maison, déjeuner ou diner avec son proche, participer aux sorties prévues ou encore passer une journée à son domicile avec son proche. 
Dans nos maisons, le proche peut se rapprocher des membres de l’équipe pluridisciplinaire, comme le psychologue, le médecin coordonnateur ou un membre de la direction, il peut demander un rendez-vous avec un de ces professionnels qui répondra à toutes ses interrogations.. 

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