DERNIÈRE MISE À JOUR : 22/03/2024

Insuffisance cardiaque : causes, symptômes et traitements

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Insuffisance Cardiaque

L’insuffisance cardiaque est la première cause de décès en France et sa prévalence est croissante. Tout ce qu’il faut savoir sur cette maladie chronique.

Selon les chiffres de l’assurance maladie, l’insuffisance cardiaque touche plus de 1,5 million de personnes en France et est à l’origine de 200 000 hospitalisations chaque année. Les personnes de plus de 60 ans sont les plus concernées. Avec la hausse de l’espérance de vie, la perspective d’évolution des cas d’insuffisance cardiaque est de 25 % tous les quatre ans. C’est donc une réelle problématique de santé publique. Qu’est-ce que l’insuffisance cardiaque ? Quels sont les symptômes et les causes de cette maladie fréquente, qui impacte fortement la qualité de vie et l’autonomie des personnes touchées ? Comment la prévenir ? Des éléments de réponse avec le Dr Sandrine Tournier, médecin gériatre.

Qu’est-ce que l’insuffisance cardiaque ?

L’insuffisance cardiaque est une maladie chronique potentiellement grave. Le cœur est un muscle creux dont le rôle est de se contracter pour éjecter du sang neuf dans tout le corps, fournissant ainsi de l’oxygène et des nutriments essentiels au bon fonctionnement des tissus et des organes.

On parle d’insuffisance cardiaque lorsque le cœur perd de sa force et de sa capacité à se contracter normalement. Il ne pompe alors plus suffisamment de sang pour fournir les organes en oxygène et en nutriments.

En temps normal, lors d’un exercice physique, le cœur augmente ses contractions pour éjecter les quantités nécessaires en sang dans tout l’organisme. Or, en cas d’insuffisance cardiaque, le muscle cardiaque tente de s’adapter en accélérant ses battements et le volume de sang. Des signes cliniques surviennent d’abord à l’effort, puis le cœur finit par s’épuiser et des symptômes apparaissent, y compris au repos.
 

Quels sont les symptômes de l’insuffisance cardiaque ?

Les symptômes de l’insuffisance cardiaque, tous âges confondus, se manifestent progressivement. Au début de la maladie, l’insuffisance cardiaque est asymptomatique, puis les signes cliniques suivants apparaissent :

  • un essoufflement (dyspnée) ou des difficultés à reprendre son souffle d’abord à l’effort puis au repos : la dyspnée est due à une augmentation de la pression du sang dans les poumons, empêchant leur bon fonctionnement ;
  • des œdèmes (gonflements de certaines parties du corps) des membres inférieurs surtout (jambes, pieds et chevilles), mais pouvant apparaître à d’autres endroits par rétention d’eau ;
  • une prise de poids rapide et inexpliquée (2-3 kg en une semaine) ;
  • de la fatigue pour tous les efforts physiques quotidiens (marche, montée des escaliers, port de charge) : celle-ci est provoquée par un manque d’oxygène et de nutriments dans les muscles.

Pris de manière isolée, ces symptômes ne sont pas significatifs. Néanmoins, l’association de ces quatre signes cliniques doit alerter et nécessite une consultation rapide avec un médecin traitant.

D’autres manifestations peuvent s’associer :

  • une toux chronique ou une respiration sifflante ;
  • un rythme cardiaque accéléré ;
  • des étourdissements ;
  • des nausées ;
  • des difficultés à se concentrer ;
  • une confusion ou une désorientation.

Pour la population âgée, le Dr Tournier explique que l’insuffisance cardiaque est plus difficile à détecter. Les signes cliniques cités ci-dessus ne sont pas systématiquement identifiables. Ainsi, il est fréquent que des personnes âgées se présentent aux urgences pour une chute, une confusion, des troubles du comportement, des troubles de sommeil ou encore une désorientation et que ces signes soient secondaires à une décompensation cardiaque.

Quelles sont les causes de l’insuffisance cardiaque ?

Voici les causes possibles à une insuffisance cardiaque.

1re cause : la cardiopathie ischémique (CI)

La cardiopathie ischémique, également appelée maladie coronarienne, désigne différents troubles cardiaques provoqués par un rétrécissement des artères coronaires, entraînant une insuffisance d’oxygénation du cœur, appelée ischémie.

Elle se traduit par :

  • une angine de poitrine ou angor : douleur thoracique ressentie lorsque le muscle cardiaque manque d’oxygène ;
  • un infarctus du myocarde ou crise cardiaque : l’obstruction d’une artère coronaire entraîne la destruction d’une partie du myocarde, empêchant le cœur de fonctionner correctement.

2e cause : l’hypertension artérielle (HTA)

Une hypertension artérielle insuffisamment contrôlée par les traitements fatigue le cœur en l’obligeant à pomper plus fort pour faire circuler le sang. De plus, une HTA impacte la santé des artères en général et plus spécifiquement celle des artères coronaires.

Les autres causes possibles de l’insuffisance cardiaque

En plus de ces deux principales causes, certaines pathologies peuvent entraîner une insuffisance cardiaque :

  • les maladies respiratoires comme l’emphysème pulmonaire, les bronchites chroniques ou encore une embolie pulmonaire ;
  • les troubles du rythme et de la conduction cardiaque comme la fibrillation auriculaire ;
  • les maladies ayant un retentissement cardiaque telles que l’hyperthyroïdie ou encore le lupus ;
  • les maladies du muscle cardiaque d’origine génétique ;
  • une infection ;
  • certains traitements médicamenteux ;
  • la radiothérapie du thorax ;
  • l’alcoolisme et la toxicomanie.

Comment poser le diagnostic de l’insuffisance cardiaque ?

L’interrogatoire et l’examen clinique doivent rechercher la présence des signes cliniques cités ci-dessus (essoufflement, prise de poids, œdèmes…). Puis le médecin complète le bilan clinique par un interrogatoire poussé afin de rechercher des facteurs de risques cardiovasculaires pouvant aggraver l’insuffisance cardiaque s’ils ne sont pas pris en charge correctement, comme :

  • le tabagisme ;
  • l’obésité et le surpoids ;
  • l’alcoolisme ;
  • la sédentarité.

Ensuite, il recherche également des comorbidités devant également être prises en compte :

  • un diabète ;
  • des troubles cognitifs ;
  • un cancer ;
  • des troubles psychiatriques (dépression, anxiété…) ;
  • une insuffisance rénale ;
  • des troubles respiratoires.

Plusieurs explorations paracliniques sont nécessaires pour compléter la clinique :

  • L’électrocardiogramme (ECG), qui permet d’enregistrer l’activité électrique du cœur pour détecter une arythmie cardiaque, une tachycardie ou encore les séquelles d’un infarctus.
  • Un bilan sanguin complet (anomalies des graisses, de la glycémie, des fonctions rénales, hépatiques…) et notamment pour doser la BNP ou NT-proBNP, qui est une protéine émise par le muscle cardiaque en cas d’insuffisance cardiaque. L’insuffisance cardiaque est écartée en cas de concentrations de BNP < 100 ng/L ou de NT- proBNP < 300 ng/L.
  • Une radiographie thoracique pour rechercher une congestion pulmonaire ou des anomalies du cœur.

Le Dr Tournier précise que le seul examen qui permette d’affirmer la présence d’une insuffisance cardiaque est la réalisation d’une échocardiographie trans-thoracique (ETT). Cet examen va notamment rechercher une atteinte valvulaire (valvulopathie), une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) et surtout déterminer la forme de l’insuffisance cardiaque. Cela est possible par le calcul de la fraction d’éjection (FE) (proportion de sang éjectée du cœur à chaque battement) du ventricule gauche, qui permet de classer l’insuffisance cardiaque selon trois types :

  • l’insuffisance cardiaque avec une fraction d’éjection préservée (ICFEp) : la fraction d’éjection est supérieure ou égale à 50 % ;
  • l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite (ICFEr) : la fraction d’éjection est inférieure ou égale à 40 % ;
  • l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection légèrement réduite (ICFElr) : la fraction d’éjection se situe entre 41 et 49 %.

Lorsque le diagnostic de l’insuffisance cardiaque est confirmé, une consultation d’annonce doit être dédiée, au cours de laquelle le professionnel de santé explique toutes les caractéristiques de cette maladie chronique. Durant cette consultation, le médecin détaille l’évolution et les complications possibles, le traitement à envisager, l’importance de son observance ainsi que les règles hygiéno-diététiques à respecter. L’objectif est que le patient adhère pleinement à sa prise en charge.

Quels traitements mettre en place ?

La prise en charge de l’insuffisance cardiaque chronique vise à réduire la symptomatologie clinique, ralentir sa progression, éviter les hospitalisations, améliorer la qualité de vie du patient et prolonger son espérance de vie.

Des traitements médicamenteux

Ils comprennent :

Le traitement de la maladie causale

Le traitement de l’insuffisance cardiaque chronique débute par la prise en charge de la maladie qui en est la cause : hypertension artérielle, maladie des artères coronaires, diabète, hyperthyroïdie…

Le traitement des décompensations cardiaques ou poussées

Il consiste à traiter les états congestifs (œdèmes des membres inférieurs (OMI), prise de poids, dyspnée…). Les diurétiques sont le traitement de première ligne.

Le traitement de fond

Une stratégie thérapeutique codifiée et adaptée aux différents types d’insuffisance cardiaque est mise en place. Par exemple, pour les personnes ayant une insuffisance cardiaque à fraction d’éjection réduite, quatre grandes classes de médicaments sont prescrites en simultané :

  • les inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) ou inhibiteurs du récepteur de l’angiotensine-néprilysine (ARNi) ;
  • les bêta-bloquants ;
  • les antagonistes des récepteurs de l’aldostérone (ARM) ;
  • les gliflozines.

Le traitement doit être pris quotidiennement et sans interruption. L’association de ces quatre médicaments a démontré son efficacité par une réduction du taux de mortalité cardiovasculaire et une diminution des cas d’hospitalisation.

Le Dr Tournier précise que pour la population âgée, cette prise en charge thérapeutique optimale n’est pas dénuée d’effets secondaires. Cette tranche de population nécessite donc un suivi clinique et paraclinique tout particulier.

Elle ajoute qu’il est important d’y associer des vaccinations (grippe, covid, anti-pneumocoque) ne devant pas être oubliées et de rechercher des carences en fer qui devront être supplémentées.

Le traitement des symptômes gériatriques

En plus des différents traitements cités ci-dessus, la prise en charge des troubles cognitifs, des troubles thymiques ou encore de l’isolement social chez les personnes âgées est essentielle afin de s’assurer de la bonne observance des traitements.

Des règles hygiéno-diététiques

Dans la prise en charge de l’insuffisance cardiaque, le respect des règles hygiéno-diététiques est indispensable. Elles comprennent :

  • L’arrêt du tabac et de l’alcool.
  • La mise en place d’une alimentation saine, équilibrée (réduction des aliments gras et viandes rouges) et adaptée à l’activité quotidienne du jour pour lutter contre le surpoids et l’obésité.
  • La diminution de la consommation de sel (pas de régime sans sel strict) : la consommation ne doit pas dépasser 4 à 6 g par jour. Pour cela, il est préférable de limiter les boissons gazeuses, éviter la charcuterie, ne pas rajouter de sel à table, limiter les fromages…
  • Une réduction de l’apport liquide de 1 à 2 litres par jour.
  • La pratique d’une activité physique adaptée et régulière (3 fois 1 heure de marche par semaine ou 6 fois 30 minutes) couplée à un travail de renforcement musculaire, d’étirement et d’équilibre.

Le Dr Tournier ajoute que le temps de formation du patient et de son entourage est primordial, notamment concernant l’observation des symptômes (« êtes-vous essoufflé au repos, à l’effort, lorsque vous montez une pente, un escalier ou encore lorsque vous portez une charge lourde… »), mais aussi le contrôle du poids (1 à 2 fois par semaine) afin d’adapter au mieux les thérapeutiques et d’éviter ainsi des hospitalisations.

L’objectif est que le patient soit co-acteur de sa prise en charge et qu’il puisse informer rapidement son médecin traitant en cas d’évolution.

Comment prévenir l’insuffisance cardiaque ?

L’insuffisance cardiaque est la première cause de décès en France et sa prévalence est croissante. Le Dr Tournier insiste sur le fait qu’il est important de développer l’information et la formation du grand public plus largement. La prévention repose en grande partie sur la gestion des facteurs de risques cardiovasculaires et le maintien d’un mode de vie « sain ».

Il est notamment conseillé de :

  • arrêter de fumer ;
  • adopter une alimentation saine et équilibrée, pauvre en gras saturés, en sel et en sucre (privilégier un régime méditerranéen riche en fruits, légumes, céréales, poissons et viandes blanches ) ;
  • faire de l’activité physique régulièrement (marche, vélo, natation…) ;
  • limiter sa consommation d’alcool (2 verres par jour maximum et plusieurs jours par semaine sans consommation) ;
  • diminuer le stress (méditation, relaxation, sophrologie, yoga…) ;
  • maintenir un poids de santé grâce à une activité physique régulière et une alimentation équilibrée ;
  • maintenir un taux de cholestérol adapté ;
  • contrôler sa tension artérielle.

Enfin, un suivi médical régulier et adapté permettant d’évaluer l’état de santé global, de détecter et de traiter les facteurs de risques cardiovasculaires, est essentiel.

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