DERNIÈRE MISE À JOUR : 04/12/2023

Ostéoporose : causes, symptômes et traitements

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Ostéoporose

Selon les données de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), en France, 39 % des femmes de 65 ans développent de l’ostéoporose. Cette proportion dépasse les 70 % pour les femmes de plus de 80 ans. Si cette pathologie touche en grande majorité les femmes, les hommes sont également concernés. Les principales complications de cette maladie sont les fractures (377 000 chaque année). Avec l’allongement de la durée de vie, cette maladie est de plus en plus fréquente. Elle représente donc aujourd’hui un réel problème de santé publique. Voici ce qu’il faut savoir sur l’ostéoporose avec le Dr Sandrine Tournier, médecin gériatre.

Qu’est-ce que l’ostéoporose ?

L’ostéoporose est une maladie dégénérative du tissu osseux, qui se caractérise par une diminution accélérée de la densité des os et une altération de la microarchitecture osseuse. Cette réduction de la résistance osseuse conduit à une augmentation du risque de fractures.

Les fractures ostéoporotiques les plus fréquentes sont celles du col du fémur, des hanches, des poignets ou encore des vertèbres. Ces fractures de fragilité peuvent également affecter d’autres os : bassin, côtes, humérus, tibia, fibula, clavicule, scapula, sternum… L’ostéoporose est à ne pas confondre avec l’arthrose, maladie également fréquente à partir de 50 ans, mais qui touche les articulations (destruction du cartilage).

Quels sont les mécanismes de l’ostéoporose ?

L’os étant un tissu vivant, il se régénère en continu pour conserver sa solidité. Au cours de la vie, le squelette se renouvelle quatre à cinq fois. L’intégralité des os du squelette sont lentement et progressivement rebâtis, les os anciens et fragiles sont remplacés par des os jeunes et sains. Ce processus s’appelle le remodelage osseux. Il est possible grâce à l’action de deux cellules :

  • les ostéoclastes qui désintègrent l’os (phase de résorption de l’os) ;
  • les ostéoblastes qui fabriquent un nouvel os (phase de formation de l’os).

Jusqu’à un certain âge, ces deux phases s’équilibrent, permettant de conserver des os denses et robustes. L’ostéoporose apparaît lorsque le mécanisme de résorption des os s’accélère de manière pathologique et devient supérieur à sa formation. Le remodelage osseux est déséquilibré. Les os endommagés ne sont alors presque plus renouvelés. Progressivement, la densité, la masse et donc la résistance des os diminuent. Le risque de fracture augmente alors.

Le Dr Tournier explique que pour les personnes souffrant d’ostéoporose, un faible traumatisme comme une chute mineure ou un choc léger peut provoquer une fracture à l’origine de nombreuses douleurs persistantes et, à terme, conduire à une perte d’autonomie. Elle ajoute que certaines fractures sévères, comme celles des vertèbres, du bassin ou encore du fémur et de l’humérus, peuvent entraîner des complications pouvant engager le pronostic vital des personnes âgées les plus fragiles.

Quels sont les symptômes de l’ostéoporose ?

Aux premiers stades de la maladie, l’ostéoporose est généralement asymptomatique. Elle est d’ailleurs souvent appelée « épidémie silencieuse », car elle progresse sans symptômes apparents jusqu’à ce qu’une fracture survienne.

Puis, avec l’évolution de la maladie, des problèmes peuvent survenir :

  • des fractures, comme celles du poignet qui apparaissent souvent en premier ;
  • des douleurs dorsales et cervicales par tassement de la colonne vertébrale ;
  • une réduction de la taille liée à une fracture vertébrale passée inaperçue ;
  • une posture voûtée (cyphose) provoquée par l’affaissement des vertèbres.

L’ostéoporose est une maladie évolutive. Plusieurs stades peuvent être identifiés :

  • Stade 1 : la densité minérale osseuse chute, mais il n’y a pas de symptômes visibles. L’ostéoporose est précoce.
  • Stade 2 : la masse osseuse est de plus en plus fragile. L’ostéoporose se développe, mais il n’y a pas de fracture.
  • Stade 3 : l’ostéoporose est sévère. Les risques de fractures sont élevés.

Quels sont les facteurs favorisant cette maladie ?

L’ostéoporose est une maladie multifactorielle. Les causes ne sont pas toutes élucidées. Il faut distinguer les ostéoporoses primaires et les ostéoporoses secondaires.

Les ostéoporoses primaires

Ces formes sont les plus fréquentes et surviennent spontanément. Elles peuvent être liées à plusieurs facteurs.

L’âge

Le vieillissement physiologique est la première cause naturelle et inévitable de l’ostéoporose. Jusqu’à 20 ans, la densité et la masse osseuse sont à leur maximum. Après cet âge, la masse des tissus osseux diminue naturellement, aussi bien pour les hommes que pour les femmes.

Celle-ci est plus ou moins rapide en fonction du sexe :

  • Chez l’homme, la diminution est de 0,5 à 1 % par an.
  • Chez la femme, elle est de 0,5 à 1 % par an jusqu’à la ménopause, puis varie jusqu’à 2 % par an pendant 8 à 10 ans. Elle revient à l’identique de l’homme vers l’âge de 65 à 70 ans.

Le sexe

Chez la femme, l’ostéoporose est 2 à 3 fois plus fréquente que chez l’homme, à cause de la ménopause. La perte osseuse s’accélère à la ménopause, à cause de la diminution des hormones sexuelles (œstrogènes) qui contrôlent la reconstitution du capital osseux.

Les premières années de la ménopause, la perte osseuse est importante chez 30 % des femmes. La ménopause est de plus un facteur favorisant si elle est précoce (avant 40 ans).

Chez l’homme, l’ostéoporose est également possible avec l’andropause (baisse du taux de testostérone lié à l’âge).

La prédisposition génétique

Des antécédents familiaux d’ostéoporose seraient un facteur favorisant. Associé à une petite taille, le risque d’ostéoporose augmente chez les femmes d’une même famille.

Les carences

Des déficits en vitamine D (manque d’ensoleillement en hiver) et un apport insuffisant en calcium ou un régime alimentaire inapproprié entraînent la fuite du calcium dans les urines, ce qui accélère la déminéralisation osseuse.

Les mauvaises habitudes de vie

  • La sédentarité, le manque d’activité physique ou une immobilisation prolongée.
  • La consommation excessive d’alcool et de tabac.
  • Une minceur excessive avec un IMC (indice de masse corporelle) inférieur à 19 kg/m2.

Les ostéoporoses secondaires

Les formes secondaires d’ostéoporose sont généralement consécutives à une maladie ou à un traitement de longue durée.

Les maladies

Certaines maladies peuvent provoquer une ostéoporose :

  • l’insuffisance rénale chronique ;
  • les troubles hormonaux comme la maladie de Cushing, l’hyperparathyroïdie, l’hyperthyroïdie, l’hypogonadisme ;
  • certains cancers ;
  • les maladies chroniques telles que la polyarthrite rhumatoïde ;
  • les maladies de l’intestin, des reins ou du foie.

Les médicaments

Certains traitements administrés sur de longues périodes, à trop forte dose, entraînent également une perte osseuse sur le long terme :

  • les corticoïdes (plus de 7,5 mg par jour pendant au moins trois mois consécutifs) pouvant être administrés aux personnes atteintes de maladies inflammatoires ;
  • les antigonadotropes prescrits aux femmes souffrant d’endométriose ;
  • les traitements hormonaux dans le cas d’un cancer du sein, d’un cancer de la prostate, d’une ablation chirurgicale des ovaires ou des testicules ;
  • les antirétroviraux contre le VIH/sida.

Pour bien comprendre, le Dr Tournier précise :

Le vieillissement physiologique entraîne une augmentation de la résorption osseuse et, a contrario, moins d’ostéo-formation. Lorsque cela est cumulé à un ou plusieurs autres facteurs de risque (ménopause précoce, carences, mauvaise hygiène de vie, maladie, traitement médicamenteux de longue durée…), alors le risque fracturaire est majoré. 

Comment poser le diagnostic de l’ostéoporose ?

Généralement, la suspicion d’une ostéoporose débute lorsqu’un patient se trouve dans l’une des situations suivantes :

  • une fracture (poignet, humérus, hanche, sacrum…) sans traumatisme important et sans contexte tumoral ;
  • des antécédents personnels de fractures périphériques sans traumatisme majeur ;
  • un tassement ayant pour conséquence une perte de taille, pouvant être dû à des fractures vertébrales ;
  • un traitement ou une pathologie induisant de l’ostéoporose.

De plus, si lors de la consultation médicale, l’interrogatoire révèle des facteurs de risques d’ostéoporose, alors ce diagnostic doit être suspecté. Une densitométrie osseuse (DMO) sera proposée. Cet examen radiologique de référence mesure la densitométrie osseuse sur deux parties du corps : le rachis et le col du fémur.

Le résultat d’une DMO est appelé T score. Il est comparé à une valeur de référence pour une personne du même âge et du même sexe. Si le T score est :

  • Supérieur à - 1 : densité osseuse normale.
  • Compris entre - 2,5 et - 1 : diminution de la densité minérale osseuse, appelée ostéopénie.
  • Inférieur ou égal à - 2,5 : ostéoporose ou ostéoporose sévère, si un ou plusieurs antécédents de fractures.

Une densitométrie osseuse (DMO) peut aussi être demandée pour les femmes ménopausées présentant d’autres facteurs de risque associés.

Quels traitements pour soigner l’ostéoporose ?

À l’heure actuelle, l’ostéoporose est une maladie incurable, mais dont on ne meurt pas. Les traitements mis en place visent à protéger et renforcer les os pour minimiser les risques de fractures et permettre aux patients de conserver leur autonomie le plus longtemps possible.

Les règles hygiéno-diététiques

Avant de mettre en place un traitement, le professionnel de santé rappellera l’importance des règles hygiéno-diététiques :

  • supplémentation en vitamine D ;
  • supplémentation (plutôt d’origine alimentaire) en calcium lorsqu’il y a une carence ;
  • sevrage tabagique, alcoolique ;
  • pratique d’une activité physique adaptée et régulière.

Il s’assurera également de la mise en place de mesures de prévention des chutes.

Le calcul du risque de fracture

Les médecins évaluent le risque de fractures des patients à l’aide d’un algorithme appelé FRAX® (outil développé par l’OMS). Celui-ci intègre un certain nombre de critères (âge, sexe, DMO, poids, carences, consommation de tabac et/ou d’alcool…) et permet de calculer la probabilité d’une fracture majeure pouvant survenir dans les 10 ans. Sur cette base, le professionnel de santé peut mettre en place un traitement adapté.

Les médicaments

Les traitements médicamenteux les plus utilisés ayant démontré leur efficacité sont les bisphosphonates, le raloxifène, le romosozumab et le tériparatide en première intention, et le dénosumab en deuxième intention. Ils freinent la perte de masse osseuse ou stimulent la formation osseuse, ou font les deux.

Ces traitements sont prescrits au cas par cas en fonction du profil et de la situation de chaque patient (sexe, facteurs de risque, antécédents de fractures, résultats de l’ostéodensitométrie, présence d’autres pathologies…). Chaque traitement, afin d’être efficace, doit être pris sur plusieurs années sans interruption (5 à 10 ans). Une surveillance annuelle de chaque patient est préconisée, car ces médicaments ont des effets secondaires à contrôler.

En conclusion, le Dr Tournier souligne que toutes les règles hygiéno-diététiques sont les clés d’une bonne santé et sont particulièrement importantes pour toute personne qui vieillit, qu’il y ait une ostéoporose ou non.

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