DERNIÈRE MISE À JOUR : 07/11/2023

Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) : causes, symptômes et traitements

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Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) : causes, symptômes et traitements

La DMLA est la première cause de handicap visuel chez les personnes de plus de 50 ans dans les pays industrialisés. Tout ce qu’il faut savoir sur la Dégénérescence maculaire liée à l’âge avec le Dr Tournier.

Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) : qu’est-ce que c’est ?

La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est la première cause d’handicap visuel chez les personnes de plus de 50 ans dans les pays industrialisés. Cette maladie, très invalidante et chronique, apparaît après 50 ans et évolue progressivement. Selon les données de la Haute autorité de santé (HAS), la DMLA, toutes formes confondues (avec ou sans handicap visuel), concerne environ 8 % de la population française. Elle touche 10 % des 65–75 ans et jusqu’à 30 % des plus de 75 ans. Avec l’allongement de l’espérance de vie, le nombre de personnes atteintes de DMLA ne cesse de croître. Voici tout ce qu’il faut savoir sur cette maladie de la population âgée avec le Dr Sandrine Tournier, médecin gériatre.

Dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) : qu’est-ce que c’est ?

La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) est une pathologie chronique de la zone centrale de la rétine : la macula (fine membrane qui tapisse le fond de l’œil). L’atteinte de la macula entraîne une vision centrale floue et imprécise. L’évolution est progressive jusqu’à la perte de la vision au niveau du champ central. La vision périphérique ou de côté reste intacte.
La DMLA se développe à partir de l’âge de 50 ans. Le plus souvent, elle ne touche qu’un œil. Toutefois, dès qu’elle atteint un premier œil, le risque d’atteinte du deuxième œil s’accroît.

Les différentes formes de DMLA

Il existe une première phase de la maladie, puis deux formes dégénératives tardives de DMLA : la forme sèche dite atrophique, et la forme humide dite néovasculaire ou exsudative.

La forme initiale sans dégénérescence

La maladie débute par une première phase appelée maculopathie sèche précoce ou maculopathie liée à l’âge (MLA). Les drusen, de petits dépôts de graisse blanchâtres, s’accumulent à l’intérieur et autour de la macula. Le Dr Tournier explique qu’à ce stade, les personnes n’ont pas de troubles de la vision, ou seulement quelques légères déformations.

La maculopathie liée à l’âge est généralement diagnostiquée grâce à un fond d’œil, lors d’un examen de routine chez l’ophtalmologue pour une autre raison. Un suivi régulier est alors nécessaire.

Dans la moitié des cas, la MLA peut se stabiliser et ne plus se développer. Toutefois, dans les autres cas, la MLA, sous l’influence d’autres facteurs, évolue vers la dégénérescence.

La forme sèche dite atrophique : la plus fréquente

Les cellules de la rétine centrale, celles de l’épithélium pigmentaire rétinien (EPR) et des photorécepteurs de la macula, disparaissent progressivement et lentement (en 5 à 10 ans). Ce processus entraîne :

  • une baisse de la vision ;
  • des métamorphopsies (déformations) ;
  • des scotomes (taches grises) devant l’œil.

Ces trous sont visibles grâce à une observation de la rétine appelée fond d’œil chez l’ophtalmologue.

La forme humide dite néovasculaire ou exsudative : une évolution très rapide

Des néo-vaisseaux se forment sous la macula, ce qui empêche une vision normale. Ces vaisseaux totalement anormaux et fragiles laissent échapper du sérum, entraînant un soulèvement de la rétine, et/ou du sang, entraînant des hémorragies rétiniennes.

Cette forme humide représente 35 à 65 % des DMLA à un stade tardif. Elle peut évoluer très rapidement, en quelques jours ou semaines.

Le Dr Tournier souligne que ces deux formes sont irréversibles, entraînant inévitablement une perte de vision de l’un ou des deux yeux au niveau du champ central.

Les symptômes d’une dégénérescence maculaire liée à l’âge qui doivent alerter

Après plusieurs années d’évolution d’une MLA, certains symptômes peuvent apparaître progressivement ou brutalement. Les signes fonctionnels suivants doivent alerter et nécessitent une consultation rapide chez l’ophtalmologue (moins d’une semaine) :

  • une vision des objets et des lignes droites déformée ;
  • une baisse de la vision centrale de près comme de loin, et une difficulté à percevoir certains détails apparaissant progressivement ou brutalement ;
  • des difficultés pour lire, une impression de lumière insuffisante ;
  • de petites taches sombres ou noires sur le champ de vision central ;
  • la sensation d’être rapidement ébloui ;
  • une gêne en vision nocturne ;
  • une vision des couleurs modifiée.

Le Dr Tournier explique qu’il existe un test de dépistage de référence : la grille d’Amsler. Ce test simple permet de dépister efficacement les maculopathies. En fixant le point central, à distance pour une lecture confortable, une personne atteinte de DMLA verra des lignes déformées, brisées, des zones floues ou aveugles. Dans ce cas, il est recommandé de consulter au plus vite un ophtalmologue.
 

Les facteurs de risque de survenue d’une DMLA

La dégénérescence maculaire liée à l’âge est une maladie multifactorielle. Son apparition est la conjonction de plusieurs des facteurs de risques suivants :

  • L’âge : la maladie se développe avec le vieillissement, chez les personnes âgées, à partir de 50 ans.
  • La susceptibilité génétique : lorsqu’un parent ou un membre de la fratrie est atteint, le risque de développer une DMLA est multiplié par 4. Les chercheurs ont mis en évidence plusieurs polymorphismes génétiques (variations de gènes) davantage présents chez les personnes atteintes que dans la population générale.
  • Le tabagisme : il augmente par 4 à 5 le risque de développer une DMLA.
  • L’obésité : elle multiplie par 2 le risque de développer la maladie.
D’autres facteurs de risque, comme des antécédents de maladies cardiovasculaires et une exposition excessive à la lumière, sont à l’étude.

Comment soigne-t-on la dégénérescence maculaire liée à l’âge ?

Il n’existe pas de traitement pour la forme sèche, dite atrophique, de la DMLA. Quant à la dégénérescence maculaire humide, qui est une pathologie chronique, un suivi régulier à long terme est nécessaire. La prise en charge comprend la mise en place de règles hygiéno-diététiques et un traitement adapté.

Les règles hygiéno-diététiques

Pour prévenir l’apparition d’une dégénérescence maculaire liée à l’âge ou pour la ralentir, il est préconisé d’adopter :

  • une alimentation saine, variée et notamment riche en oméga 3 (poissons gras type saumon, thon, maquereau), en fruits et en légumes (riches en zéaxanthine et lutéine) ;
  • une activité physique adaptée et régulière ;
  • une abstinence tabagique.

En complément des règles hygiéno-diététiques, des supplémentations d’anti-oxydants en vitamine E et en vitamine C et des oligo-éléments notamment du zinc et du sélénium sont préconisées.

Les traitements possibles de la forme humide

Pour traiter la forme humide de la DMLA, l’injection de médicaments anti-VEGF est effectuée par l’ophtalmologue. Un minimum de 7 injections par an est en général nécessaire. Ces injections dites intravitréennes sont réalisées à l’intérieur même de l’œil sous anesthésie locale.

Les anti-VEGF vont bloquer la fabrication des néo-vaisseaux et ralentir la progression de la maladie. Toutefois, l’évolution se poursuit le plus souvent vers une forme atrophique de la DMLA.

Des systèmes optiques grossissants et de la rééducation seront également nécessaires pour améliorer le confort visuel de l’individu.

Les recherches en cours

Voici les pistes à l’étude visant à améliorer la prise en charge des différentes formes de DMLA :

  • La thérapie génique : pour éviter les injections régulières, les chercheurs étudient la possibilité de transférer un gène codant pour produire durablement un anti-VEGF dans des cellules de la rétine.
  • La thérapie cellulaire pour la forme atrophique : l’objectif serait d’implanter des cellules souches, EPR et/ou des photorécepteurs pour renouveler les cellules fonctionnelles et arrêter la dégénérescence.
  • La rétine artificielle : les chercheurs travaillent à la mise en place d’implants rétiniens capables de recevoir des signaux lumineux, convertis ensuite en signaux électriques grâce à des lunettes spécifiques équipées de caméras. Ces signaux sont alors transmis au cerveau qui les convertit en images.

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