DERNIÈRE MISE À JOUR : 01/12/2023

La dénutrition : les réponses à vos questions

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Comprendre la dénutrition et accompagner la personne dénutrie

Qu’est-ce que la dénutrition ?

La dénutrition est une maladie. Elle se définit par un état de déficit : en énergie, en protéines, ou en n’importe quel autre macro ou micronutriment spécifique, produisant un changement mesurable des fonctions corporelles et/ou de la composition corporelle associée à une aggravation du pronostic des maladies.

Quel est le suivi médical d’une personne dénutrie ?

Le suivi médical est différent selon le stade de la maladie. Nous nous référons à des arbres décisionnels proposés par la HAS et les sociétés savantes afin d’adapter le suivi et la prise en charge de la dénutrition à chaque personne.

Depuis quelques temps, bien qu’ayant un peu maigri, j’ai l’impression que ma maman a le ventre gonflé : cela peut-il venir d’un changement d’alimentation ? Est-ce un signe de dénutrition ?

Afin d’avoir un diagnostic précis, nous vous incitons à vous rapprocher du médecin traitant de votre mère et/ou de l’équipe de soins de l’établissement afin que votre mère soit examinée par un médecin.

Perdre l’appétit quand on vieillit, est-ce systématique ?

De manière physiologique, avec l’avancée dans l’âge, l’appétit baisse. Par conséquent, cela peut être un facteur de risque de dénutrition. Néanmoins, chaque résident/patient est unique.

Quel suivi plus particulier ou quelle attention plus particulière peut-on apporter à une personne en dénutrition avec perte de poids caractérisée ?

Suivant le stade de la dénutrition, nous adaptons le protocole selon les recommandations de la HAS et des sociétés savantes. Nous commençons toujours par un enrichissement naturel qui peut être complété par une poudre hyperprotéinée, et si cela ne suffit pas, nous rajoutons des compléments nutritionnels oraux et enfin, en dernier recours, une nutrition artificielle.

Est-il exact que lorsqu’une personne âgée est dénutrie, cela affecte ses fonctions cognitives et peut provoquer des pertes de repères, des hallucinations ?

La dénutrition est une maladie qui peut majorer les syndromes gériatriques et provoquer un syndrome confusionnel.

Les personnes qui entrent en EHPAD vont parfois prendre du poids car elles ont moins d’activité physique et les repas sont pris plus régulièrement et plus souvent. Est-ce qu’une prise de poids peut masquer quand même une dénutrition ?

Environ 1 personne sur 2 arrivant depuis son domicile en EHPAD est dénutrie. La prise de poids à l’arrivée vient du fait que la personne retrouve une alimentation régulière avec plusieurs prises de repas chaque jour. Mais attention, une personne âgée, lors d’une prise de poids, prend davantage de gras que de muscle. Il faut donc que la prise de poids s’accompagne d’une activité physique adaptée selon les possibilités et capacités préservées du résident, à l’aide d’un kinésithérapeute ou un professeur d’activité physique adaptée.

Est-ce que la dénutrition va de pair avec la déshydratation ?

La dénutrition correspond à un manque d’apport : au-delà de l’eau bue en tant que telle, les aliments gorgés d’eau (fruits, légumes) sont consommés en moindre quantité, et comme ils sont une source d’hydratation, cela peut en effet entraîner une déshydratation. La personne mange moins, donc elle boit moins, et par conséquent dénutrition et déshydratation vont de pair. Pour les résidents en EHPAD, la surveillance des résidents dénutris se fait à la fois sur l’alimentation et sur l’hydratation.

Comment se fait-il qu’une personne qui mange puisse maigrir de façon significative (plus de 10 kg) ?

On peut tout à fait manger et maigrir. C’est le cas chez les personnes qui ont un cancer car la tumeur va consommer de l’énergie. C’est aussi vrai chez un patient qui a des troubles neurocognitifs et qui mange correctement, mais qui va déambuler en permanence. Egalement, toutes les pathologies chroniques inflammatoires consomment de l’énergie. Dans chaque cas particulier, il faut analyser le "pourquoi", mettre en place des actions correctrices, en concertation avec l’ensemble des professionnels intervenant dans la prise en soin de la personne.

Quel est l’intérêt du dosage de la pré-albumine ?

La pré-albumine peut être un marqueur pour la renutrition. Cela s’évalue dans des services spécifiques et experts.

On entend que "L’albuminémie n’est à faire que si la dénutrition a été démontrée et non plus de façon systématique ?". Est-ce vrai ?

On ne peut plus, avec l’albumine seule, dire que le résident/patient est dénutri. En revanche, elle est un marqueur utile pour déterminer le stade de sévérité (modéré ou sévère).

Comment mettre en pratique réellement la nouvelle définition de dénutrition sévère et modérée chez les personnes âgées ?

Il faut un critère phénotypique (perte de poids selon certains seuils, IMC faible..) et un critère étiologique (réduction de la prise alimentaire). Le seul critère phénotypique compliqué est le diagnostic de sarcopénie confirmée. Pour l’évaluer, nous pouvons faire une mesure de la performance physique.

On entend parfois parler du syndrome de renutrition inappropriée, de quoi s’agit-il ?

Ce syndrome est décrit depuis très longtemps à divers événements historiques (lors de la prise de Paris par les Prussiens, lors de la Seconde Guerre Mondiale etc…) : on s’est aperçu que lorsque les personnes avaient accès à l’alimentation de manière normale après une longue période de jeûne, ils mouraient et on ne savait pas pourquoi.
Avec les progrès de la médecine, on sait que le métabolisme d’une personne dénutrie va se mettre "en veille", autrement dit il va tourner de manière extrêmement ralentie, et si on apporte beaucoup (par rapport à la période de jeûne) de ce carburant qu’est l’alimentation, la personne va puiser dans ses réserves pour fabriquer de l’énergie, et cela entraîne une consommation de toutes les vitamines qui ne pourront pas être compensées seules avec l’alimentation, ce qui va engendrer des œdèmes, des troubles du rythme cardiaque, etc. Ce syndrome arrive très fréquemment et donc doit être dépisté devant toute renutrition.

Quels sont les besoins nutritionnels d’une personne âgée en fauteuil ?

Les besoins sont les mêmes que la personne âgée qui n’est pas en fauteuil roulant en veillant surtout à un apport en protéines correct.

Selon une étude, il est préférable de manger plus de protéines le soir surtout chez la personne âgée. Est-ce vrai ? Korian le fait-il ?

Chacun des 5 repas de la journée comporte bien sûr des protéines et ce, de manière systématique. Le soir, en règle générale, c’est le moment de la journée où les résidents ont le moins d’appétit. C’est important à prendre en compte pour intégrer les protéines sous différentes formes : cake, œuf, etc...
Il ne faut pas renforcer en quantité le repas du soir car cela engendre un phénomène de rejet : le résident va voir arriver une assiette qui est trop importante par rapport à son appétit et il ne voudra pas y toucher.
Dans nos établissements, les protéines sont présentes lors de tous les repas, sous différentes formes, en respectant un niveau d’ingestion aux alentours de 1,2 grammes de protéines par kilo de poids de corps et par jour.

Quels sont les besoins nutritionnels des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ? Diffèrent-ils de ceux des autres résidents ?

Les besoins nutritionnels sont les mêmes pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer mais ils nécessitent des adaptations. Les troubles cognitifs peuvent par exemple entraîner des déambulations pathologiques qui augmentent les besoins énergétiques. Il est essentiel, dans ce cas, d’adapter la prise alimentaire avec des techniques telles que le manger main ou le manger debout en déambulant et de fractionner les repas pour répondre aux besoins spécifiques de chaque résident en fonction de son état de santé et de ses comportements.

Des diététiciennes supervisent-elles les menus ?

Pour atteindre la cible minimale de 2100 kcal et 1,2 g de protéines par kilo et par jour, nous effectuons des analyses nutritionnelles de chaque plat et de chaque menu. Des diététiciennes diplômées nous accompagnent dans cette démarche.

Le calcul de l’énergie et des protéines se fait pour le menu dans l’hypothèse que le repas sera entièrement consommé ? Pour un résident qui finit rarement son assiette, a-t-il les apports dont il a besoin ?

L’objectif est d’assurer un apport nutritionnel maximal avec l’ensemble des repas. Cependant, si des résidents ne finissent pas leurs repas, une prise en charge individuelle est mise en place avec surveillance des ingestas, alimentation hyperprotéinée et compléments alimentaires si nécessaire pour garantir les apports indispensables.

Quelle est la quantité de boisson recommandée pour une personne âgée ?

En dehors des liquides présents dans l’alimentation, la quantité minimale de liquide recommandée pour une personne âgée est généralement de 1,5 à 2 litres par jour. La quantité dépend bien évidement des besoins individuels mais également de la saison et de la situation de santé du résident.

La qualité des repas ne serait-elle pas en partie responsable de cette maladie ?

Pour lutter contre la dénutrition, il faut être vigilant à la qualité et à la quantité des repas et les adapter à chacun.

Est-il nécessaire de donner des protéines animales midi et soir ?

Ce qui est important c’est d’avoir un apport en protéines adéquat peu importe leur origine.

Avez-vous vérifié que l’alimentation contient suffisamment de vitamines et fibres ? de "bons gras" ?

Les menus sont élaborés par des diététiciens et répondent aux apports recommandés par le PNNS4 (programme national nutrition santé).

Les œufs que vous servez sont-ils déshydratés ?

Au sein de nos établissements, nous utilisons des œufs 100% Origine France. L’utilisation d’œufs frais, dans le cadre de la restauration collective, répond à des exigences particulières et notamment la Haute Autorité de Santé déconseille l’utilisation à base d’œuf coquille pour les préparations crues (mayonnaise, mousse au chocolat, etc.) pour les personnes sensibles. Elle recommande d’utiliser des ovoproduits pour ce type de préparation.
De ce fait, nous utilisons soit des œufs coquille soit des œufs sous forme de coule d’œufs liquide, qui est pasteurisée pour limiter les contaminations bactériennes selon les préparations.

La plupart des pensionnaires prennent une flopée de médicaments divers : pourquoi servir du vrai vin à table le midi, avec des interactions possibles avec les médicaments ? Pourquoi ne pas servir du vin sans alcool ? Il en existe de nombreuses variétés, et pas de risque d’interaction.

L’EHPAD est un lieu de vie, centré sur le bien-être et la qualité de vie des personnes accueillies. A partir du moment où le médecin ne contre-indique pas l’alcool et où le résident souhaite en boire, nous lui en accordons de manière raisonnable et avec modération.

Pourquoi mettre beaucoup d’épices pour des personnes âgées qui peuvent avoir des problèmes digestifs ?

Les épices sont un exhausteur de goût qui permet d’augmenter l’appétit. Bien entendu, nous faisons attention au type d’épices que nous intégrons aux repas et nous le faisons de manière raisonnée.

Quand un aliment est interdit à une personne, y a-t-il un aliment de remplacement ?

Au sein de chacun de nos établissements, une carte de choix est mise à disposition auprès de nos résidents et ceux-ci peuvent au quotidien, et pour chaque repas, disposer d’un autre plat davantage en convenance avec leurs goûts.
En cas d’allergies ou de régimes alimentaires spécifiques, l’équipe médicale s’assurera par le biais d’une prescription médicale de la prise en compte de ces spécificités.

Existe-t-il un régime restrictif pour les personnes âgées ?

Surtout pas de régime restrictif chez les personnes âgées, car c’est la porte ouverte à la dénutrition et à des carences !
Cependant, il faut adapter les régimes selon les pathologiques spécifiques des personnes âgées : par exemple, dans le cas d’une maladie cœliaque, la personne ne peut pas manger de gluten, il est donc important qu’elle continue son mode d’alimentation habituel.

La volonté de consommation de la viande a évolué, nous n’avons pas forcément envie de manger de la viande midi et soir, pourquoi ne pas envisager d’autres produits aussi riches en protéines ?

Il est clair que la société évoluant, de nouvelles modes apparaissent, des régimes également (qui sont une catastrophe pour les personnes âgées!). Quand on avance en âge, au-delà des problèmes de dentition (mastication), l’appétence aux protéines animales diminue.
Dans nos établissements, si l’on remarque que le résident ne souhaite pas ou peu consommer de produits contenant des protéines quelles qu’elles soient, on peut avoir recours à des poudres de collagène qui n’ont pas de goût et qui vont venir enrichir l’alimentation pour atteindre le niveau journalier de protéines requis.
Egalement, on personnalise les assiettes en fonction des besoins, des capacités des résidents, et de leur appétit tout en variant les textures, le visuel de l’assiette, la fragmentation des prises de repas, etc.

Est-ce que le chef de cuisine est capable de dire le nombre de calories dans l’assiette ?

Le chef a à disposition le calcul de l’apport alimentaire calorique avec un détail des apports en macronutriments de la journée alimentaire pour chaque menu qu’il va cuisiner avec son équipe : le petit-déjeuner, le déjeuner, la collation, le dîner.

Tenez-vous compte des goûts des résidents et proposez-vous des produits locaux en circuit court ?

Au sein de nos établissements, nous proposons des menus pour lesquels chaque nouvelle recette a été testée auprès d’un panel de résidents et dont la note de satisfaction est supérieure ou égale à 75%.
D’autre part, la commission restauration qui a lieu au sein de nos établissements permet d’échanger sur la prestation de la restauration et d’adapter localement les menus proposés et la carte de remplacement saisonnière.
Concernant nos approvisionnements, environ 80% sont français et afin de développer nos approvisionnements locaux, nous déployons des filières d’achats locales, départementales et régionales à hauteur d’environ 40%.
D’autre part, nous intégrons de façon régulière des producteurs qui prennent part aux Plans Alimentaires Territoriaux afin de renforcer nos approvisionnements en lien avec les territoires.

Quelles sont vos pratiques en termes de restauration ?

Nous proposons une cuisine traditionnelle et gourmande faite maison, à base de produits frais et de saison, dont 40% proviennent aujourd’hui de périmètres régionaux. Nous veillons à ce que nos menus répondent aux besoins nutritionnels des résidents, tout en respectant leurs envies, leurs goûts et leurs choix.
Nos chefs, qui connaissent bien leurs habitudes, ont par exemple toujours à cœur de leur préparer les plats qu’ils affectionnent. Nous créons aussi des moments exceptionnels grâce à des professionnels renommée comme le célèbre Chef Frédéric ANTON, Meilleur Ouvrier de France, 3 étoiles au Guide Michelin, et des membres de l’Ecole Lenôtre, qui ont imaginé des recettes savoureuses servies à l’ensemble des résidents.
Enfin, nous adaptons les textures de nos plats pour que chacun, quelles que soient ses capacités, puisse conserver le plaisir gustatif. Ainsi, nous déployons les « enrobés gourmands » servis dans des verrines, qui permettent de s’alimenter sans risque, avec un maximum d’autonomie, tout en préservant le goût et la saveur des aliments. Tout pour faire de chaque repas un vrai moment de bonheur pour tous.

Pouvez-vous expliquer l’origine des protéines avec la différence entre protéines végétales et animales ?

Les protéines d’origines animales proviennent d’un animal bien sûr, et celles végétales de végétaux. Après il est important de rappeler que, animale ou végétale, une protéine reste de protéine, et celles animales et végétales ont les mêmes apports.

Ma mère ne mange jamais ses entrées car elles sont trop froides. J’ai déjà fait remarquer cela à l’EHPAD, mais on m’a parlé de normes. Comment faire pour qu’elle mange ses entrées ?

Effectivement, dans la restauration collective, il existe des normes de températures notamment de service pour les préparations, qu’elles soient chaudes ou froides. Les entrées doivent être servies à une température de 3°C. Dans l’idéal les équipes prévoient un temps de latence entre le moment où elles vont servir et le moment où le résident va les consommer pour éviter que les plats ne soient trop froids.

Pour le diner une soupe et un fromage suffit à une personne âgée, les repas ne sont-ils pas trop copieux ?

La quantité de nourriture et les souhaits varient d’une personne à l’autre. Il est essentiel d’adapter l’alimentation en fonction des besoins et des préférences de chaque résident. Fractionner les repas peut être une stratégie mise en place pour maintenir l’appétit des résidents.

Privilégiez-vous les produits frais ou avez-vous recours aux produits surgelés ?

Nous privilégions l’utilisation de produits frais autant que possible. Par ailleurs, environ 85% de nos achats alimentaires sont français, ce qui nous garantit la fraîcheur des ingrédients utilisés comme la viande de bœuf, la volaille et le porc. Dans certaines situations, notamment lorsque nous avons besoin de denrées qui ne sont pas produites dans la saison, nous pouvons utiliser des produits surgelés mais nous privilégions majoritairement les produits frais.

Lorsque les repas sont servis au premier étage, les plats sont-ils toujours chauds ?

Nous respectons les normes de sécurité alimentaire pour garantir que les repas servis à chaque étage, tout comme en salle à manger, soient maintenus à des températures appropriées pour la consommation. Le respect des normes de sécurité alimentaire est un point de surveillance important.

En moyenne, peut-on connaître le montant alloué à un patient Korian par jour pour respecter la composition de la journée alimentaire des séniors ?

L’offre de restauration est définie sur les 5 moments de la journée : petit-déjeuner, déjeuner, goûter, dîner, l’instant Tisane du soir, en tenant compte des besoins nutritionnels ainsi que des niveaux qualitatifs des produits que nous avons ciblés (approvisionnements français et en local). Le budget alimentaire est défini sur cette base et son coût (y compris les frais de personnel) se situe entre 18 et 20 euros. La prise en charge est individuelle, et le montant alloué peut varier d’un établissement à l’autre.

Concernant l’enrichissement des plats : comment faites-vous ? Quels aliments utilisez-vous ? Quels repas privilégier ?

Nous préférons bien entendu l’enrichissement naturel, puis si nécessaire nous utilisons des poudres à base de protéines de collagène qui n’ont pas de goût pour supplémenter les apports en protéines pour les résidents qui en consomment peu selon leurs préférences.
Les plats privilégiés sont ceux que les résidents préfèrent car l’important est que la personne mange et subvienne à ses besoins quotidiens.
Nous ne privilégions pas de repas spécifiquement, mais nous nous adaptons au résident : s’il préfère le petit-déjeuner, nous accentuons ce repas pour que la personne puisse combler une grande partie de ses besoins en apports caloriques et en macronutriments.
Donc concernant l’enrichissement, la notion de plaisir est au cœur du sujet et varie en fonction du moment et du résident.

Pour l’enrichissement naturel, les produits laitiers entiers sont-ils intéressants ?

Oui, les produits laitiers entiers peuvent être une arme contre la dénutrition.

Question au sujet des poudres de protéines et notamment de collagène, sont-elles obtenues sur prescription médicale ? Ou bien sont-elles délivrées sans ordonnance ?

Vous pouvez aller à la pharmacie en acheter sans ordonnance mais leur utilisation doit être sous contrôle médical.

Pourquoi donner un complément alimentaire à distance des repas ?

Comme son nom l’indique, c’est un complément alimentaire, il vient alors complémenter le repas, à distance de celui-ci (minimum 2h) car il peut avoir des effets coupe-faim, donc à éviter bien entendu lors des repas. Et gardons tous en tête qu’un complément alimentaire ne remplace surtout pas un repas !

Comment les compléments alimentaires peuvent-ils lutter contre la dénutrition ?

Lorsque l’enrichissement naturel ou artificiel de l’alimentation ne suffit pas, il est nécessaire de prescrire des compléments nutritionnels oraux à prendre à distance des repas. On peut prescrire 1 à 3 compléments par jour pour enrichir et fragmenter davantage l’alimentation. Le recours aux compléments alimentaires est une décision médicale.

Les compléments en vitamines D, C et de zinc sont-ils présents dans vos compléments alimentaires ?

Les compléments alimentaires que nous utilisons sont ceux des grandes marques industrielles telles que Nestlé ou Nutricia et incluent ces vitamines. Il existe également des compléments plus spécifiques en fonction des besoins particuliers.

Comment sont préparés les repas mixés ? Comportent-ils tous les composants d’un plat normal ? Y-a-t-il un surplus de féculents ? Comment s’intègre le fromage ?

Les repas mixés sont préparés selon une méthode de mixage par famille de produits et de recettes. Chez Korian, afin de répondre aux besoins des résidents, on dénombre 3 catégories principales de mixés proposées en fonction des prescriptions médicales établies sur chaque établissement :
- La texture mixée
- La texture mixée lisse
- La texture « enrobés gourmands »
Afin d’éviter les répétitions et de respecter les marqueurs Korian, les mixés sont constitués des mêmes composantes que les repas en « texture entière » (hormis le produit laitier). Cela concerne les déjeuners et dîners (ainsi que les goûters pour les EHPAD). Selon les produits alimentaires, il peut être nécessaire de rajouter des éléments texturants dans les préparations afin d’optimiser la présentation lors du service (ex: mie de pain ou biscottes dans une poêlée de champignons, maïzena, fécule de pomme de terre). De fait, il n’y a pas de surplus en féculents car deux garnitures (un légume + un féculent) sont proposées à chaque repas.
Un fromage fondu ou un produit laitier est proposé lors de chaque déjeuner/dîner. De plus, dans le cadre de la lutte contre les risques de dénutrition, des potages sont également enrichis naturellement. Auquel cas, du fromage est ajouté (fromage fondu, emmental râpé…).

Quelle source de vitamines et minéraux en régime mixé ?

Pour les textures mixées, les sources de vitamines/minéraux sont les mêmes que pour les textures « entières ». Par exemple : Les légumes : principalement sources de vitamines des groupes A, B et E, et de Calcium, Magnésium, Fer. Les fruits : principalement sources de vitamines C et de Calcium, Magnésium, Fer. Ainsi que les légumes secs, les viandes/œufs, les produits laitiers… Une valorisation nutritionnelle de nos menus est réalisée pour chaque cycle. Pour les EHPAD (Cycle Hiver 2022/23), les menus apportent environ :
- 2170Kcal
- 70g de protéines soit 14% des Apports Energétiques Totaux (référence entre 10 et 20%)
- 80g de lipides soit 35% des Apports Energétiques Totaux (référence entre 35 et 45%)
- 260g de glucides soit 48% des Apports Energétiques Totaux (référence entre 45 et 55%)

La nourriture mixée contient-elle les mêmes propriétés que celle non mixée : protéines, vitamines… ? Et comment assurer une texture onctueuse des protéines en régime mixé ?

L’apport en protéines provient majoritairement des viandes, poissons et œufs. Afin que la préparation mixée ne soit pas trop « sèche », des adjonctions peuvent être ajoutées tels que : lait, bouillon, jus de viande…

Lorsqu’on passe au haché puis au mixé, est-ce vrai qu’on ne peut plus revenir en arrière ?

Les changements de textures ne sont pas définitifs. Nous adaptons la texture selon l’état clinique du résident/patient.

Quelles textures proposez-vous et à quel moment selon les capacités des résidents ?

Nous proposons 4 textures :
- Texture Normale : en absence de troubles de la déglutition
- Texture Hachée : si difficultés de mastication
- Texture Mixée et Enrobées gourmands : si troubles de la déglutition
- Texture Bouchées gourmandes : pour les personnes ayant une perte d’autonomie avec des difficultés pour l’utilisation des couverts.

Mon proche est en repas mixés, a-t-il le même repas que les autres résidents ?

Les repas mixés et les repas "normaux" sont absolument identiques, seule la déclinaison de la texture varie.

On mange d’abord les plats avec les yeux : une personne qui mange mixé ne va pas avoir ce plaisir, donc comment l’inciter à manger ?

Nous avons développé pour nos équipes de restauration des modules de formation spécifiques sur les techniques de dressage et également sur les variations de textures. Effectivement, le premier sens qui est mis en éveil est souvent la vue, avec très rapidement l’odorat qui la suit. D’où l’importance d’avoir un dressage harmonieux qui renforce l’appétit. A titre d’exemple, nous avons développé les Enrobés gourmands, qui sont une nouvelle texture pour les résidents qui souffrent de troubles de la déglutition. Les plats réalisés sont servis dans des petits bols, des verrines avec des couverts adaptés pour favoriser l’autonomie.

La nutrition entérale est très complexe à mettre en place et même inenvisageable pour les personnes souffrant de troubles cognitifs. Combattre la dénutrition n’a t-il pas des limites éthiques ?

La nutrition entérale est un procédé qui nécessite des équipes formées, avec des suivis rigoureux. Elle est non-indiquée lors de troubles cognitifs avancés : par exemple, elle ne s’applique pas pour un patient souffrant de la maladie d’Alzheimer en dernier stade, grabataire, dénutri, car il s’agit du stade palliatif de la maladie. Quoi qu’il en soit, il faut toujours se référer à la balance bénéfice/risque, et bien sûr tout se fait en consultation pluridisciplinaire, avec l’avis d’experts, en rassurant les familles (tout cela étant tracé dans le dossier du résident).

Pourquoi le même prix pour les repas mixés et les repas « normaux » ?

Le tarif hébergement recouvre l’ensemble des prestations d’administration générale, d’hôtellerie, de restauration, d’entretien et d’animation qui ne sont pas liées à la dépendance du résident. Il est à la charge du résident ou de sa famille, déduction faite, éventuellement, de l’Aide Personnalisée au Logement (APL). Pour un établissement donné, ce tarif va dépendre du type de chambre (simple ou double), de la superficie, de la présence ou non d’un balcon…
De ce fait, le tarif hébergement intègre beaucoup d’éléments en plus du prix des repas.
D’autre part, le coût d’un repas mixé est supérieur à un repas "normal" puisqu’il va demander beaucoup plus de temps de préparation, de matériels,... pour une base similaire à un repas à texture entière. Pour autant le prix hébergement sera identique quel que soit le type de repas servi.

N’est-il pas indispensable que nos seniors consomment des fruits frais au moins une fois par jour, pour leur apporter des vitamines et pour des questions de transit intestinal ?

Oui, les fruits frais sont pourvoyeurs de vitamines mais nous avons aussi les légumes. Les légumes sont également bons pour le transit en associant l’hydratation nécessaire.

Est-ce que trop de plats en sauce peut être néfaste pour la digestion des personnes âgées ?

Ce n’est pas la sauce en elle-même mais le gras qui augmente le temps de digestion.

Est-ce important de manger dans l’ordre entrée-plat-dessert ? Et si mon proche grignote de tout dans le désordre ?

En soi non, étant donné que dans certaines civilisations les individus ne mangent pas dans le même ordre que le nôtre avec nos us et coutumes culturelles européennes, occidentales, ni aux mêmes heures, ni de la même façon. En réalité, peu importe, il n’y a pas de règles à partir du moment où la personne mange correctement et de manière équilibrée. Quand une personne est atteinte de la maladie de la dénutrition, le fractionnement des repas à plusieurs moments de la journée fait partie des moyens lui permettant de s’alimenter et d’atteindre les apports journaliers dont il a besoin.

Combien de fruits frais par jour sont recommandés pour les personnes âgées ?

De même que pour la population générale : il est recommandé de manger au moins 5 fruits et légumes par jour.

Le sucre a-t-il des effets néfastes sur l’état général de la santé (dents, diabète type 2 fréquent chez les personnes âgées) ?

Oui, il faut limiter les aliments à index glycémique élevé (sucre rapide : SODA, sucrerie, pain blanc …) et privilégier les aliments à index glycémique bas ( pain complet, céréales complètes …) mais il faut aussi garder la dimension du plaisir qui est importante.

Y-a-t-il des aliments privilégiés pour les personnes atteintes de troubles intestinaux ?

Il faut adapter les aliments aux tolérances digestives du patient/résident sans pour autant créer des carences dues à une alimentation trop restrictive.

Quelle est la fréquence conseillée de viande rouge en général ?

Il faut, en premier, privilégier la volaille et limiter les autres viandes (porc, bœuf, veau, mouton, agneau, abats) à 500g par semaine. Cependant, il faut aussi garder la notion de plaisir !

Comment sont accompagnées les personnes qui ont des difficultés à manger seules ?

Nous accompagnons les résidents/patients à la prise alimentaire tout en respectant leurs capacités préservées.

Comment aider une personne très âgée à manger alors qu’elle n’a plus d’appétit, refuse les repas mixés (faute de dentier qu’elle ne supporte plus), refuse les crèmes enrichies en protéines, n’accepte que quelques repas sucrés (comme petits déjeuners matins et soirs, et partiels) ?

Il faut dans un premier temps adapter l’appareil dentaire qui peut redonner l’envie de manger. Après, il faut chercher une pathologie pouvant expliquer la perte d’appétit. Egalement, il est nécessaire de trouver des subterfuges afin de redonner l’envie de manger.

Mes parents âgés de 85 et 87 ans ont du mal à prendre un repas complet : entrée, plat et dessert. Est-il préférable de fractionner avec une collation dans la matinée et un goûter ?

Oui, vous pouvez tout à fait fragmenter afin d’avoir l’apport journalier nécessaire.

Dans son EHPAD depuis 6 mois, maman a pris du poids. Est-il possible d’adapter sa nourriture ? Est-ce que cela ne vient pas d’un manque d’exercice ?

Beaucoup de personnes âgées arrivent en EHPAD (depuis leur domicile) dénutries et peuvent prendre du poids après leur arrivée. Le manque d’exercice seul ne peut pas l’expliquer d’autant plus que dans nos établissements, kinésithérapeutes et professeurs d’activité adaptée interviennent.

Que faire lorsque mon proche s’étouffe avec la nourriture ou la boisson ? Que ne faut-il surtout pas faire ?

Lors d’une fausse route, il faut se rapprocher de toute urgence des équipes soignantes de l’établissement qui sauront comment agir.

Comment prend-on en compte le fait qu’une personne âgée soit plus longue à manger ? Y-a-t-il des durées de repas recommandées ?

Oui, le temps du repas est pris en compte pour les Aînés. La durée recommandée pour le temps des repas est de 30 min pour le petit-déjeuner, 1 heure pour le déjeuner et 45 min pour le dîner.

Faut-il aider une personne à s’alimenter pour éviter la dénutrition ?

Bien sûr, il faut aider une personne à s’alimenter. A partir du moment où elle n’a pas ce carburant nécessaire qu’est l’alimentation, elle ne pourra pas "faire du muscle" et donc être en forme.
Bien entendu, l’enjeu principal est de préserver l’autonomie de la personne le plus longtemps possible, d’où l’importance de mettre en place des aides ergonomiques (comme les couverts ergonomiques) afin de faire en sorte que ce soit une aide technique plus qu’humaine. Mais lorsque les techniques ergonomiques ne suffisent plus, l’aide humaine devient alors indispensable : il faut faire du sur-mesure pour chaque résident tout en maintenant les capacités préservées à la prise alimentaire.
Les variations de texture alimentaires (manger main, bouchées gourmandes, etc...) vont aussi être une aide précieuse, car pour retarder l’apparition des troubles de la déglutition, il faut préserver le plus longtemps possible le fait de s’alimenter en autonomie. La notion clef est donc l’adaptabilité de notre aide à chaque cas unique que sont les patients et les résidents.

Avec l’âge, certaines personnes préfèrent manger du sucré et refusent de manger du salé. Comment peut-on les inciter à manger plus de salé ?

La modification des récepteurs du goût avec l’avancée en âge étant physiologique, l’idée est de ne pas forcer la personne à manger salé si elle ne le souhaite pas mais de lui donner envie en enrichissant les recettes avec certaines épices et saveurs. Le but étant qu’elle mange au-moins une partie de son assiette.
Mais rappelons que l’important est que la personne âgée s’alimente et maintienne un niveau calorique et en macronutriments journalier suffisant, donc si cela revient à manger un peu plus de sucré, c’est déjà positif! Et puis, les arts de la table, le partage des repas (mimétisme des voisins de table) sont aussi des outils précieux.

Comment inciter une personne âgée à manger lorsque le goût et l’odorat sont diminués ?

Pour aider la personne âgée à manger alors qu’elle perd petit à petit le goût et l’odorat (ceci ayant périodiquement été accentué lors des épisodes de Covid), il faut adapter l’aspect visuel des repas, rehausser les saveurs en intégrant plus d’épices dans les repas, etc…
Le vieillissement physiologique des récepteurs du goût va faire que le goût sucré va perdurer alors que d’autres goûts vont diminuer (d’où la tendance à saler davantage en vieillissant). Les interactions entre les équipes (restauration, médicale, etc.) sont très importantes : la prise en charge des patients étant individuelle, les équipes en cuisine vont prendre en compte les prescriptions médicales, respecter les calories nécessaires et les apports protéiques tout en donnant du plaisir au résident avec une cuisine qu’il aime.

La durée d’un déjeuner de 60 minutes est-elle suffisante pour une personne âgée ?

Le déjeuner de 60 minutes est une recommandation, ce n’est pas une durée maximale. Dans la plupart des établissements, le déjeuner dure environ 1h15. Il est essentiel de ne pas réduire la durée du déjeuner en dessous de 60 minutes pour permettre une prise alimentaire adéquate.

Que prévoit-on pour une personne incapable de manier les couverts normaux ?

Il existe des couverts ergonomiques pour permettre aux résidents de conserver leur autonomie lors des repas. L’établissement peut aussi consulter un ergothérapeute afin d’avoir son avis et trouver des solutions. L’objectif est de maintenir l’autonomie le plus longtemps possible.

Y-a-t-il une corrélation entre nutrition et Alzheimer ou autre maladie sénile ?

Beaucoup d’études ont été effectuées sur le sujet : on sait maintenant qu’il faut agir sur tous les facteurs de risques cardio-vasculaires, lesquels augmentent le risque d’avoir la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées, et parmi eux : une alimentation trop grasse, trop sucrée, etc... et privilégier un régime méditerranéen (poissons, légumes, fruits, céréales, etc.).

Comment aider un résident atteint d’Alzheimer à se nourrir ?

Pour les résidents atteints de la maladie d’Alzheimer, entraînant notamment des déambulations pathologiques qui empêchent la personne de rester à table, il existe des subterfuges avec des techniques adaptées, comme le "manger main" qui peut se faire en marchant lors de ces périodes de déambulation. Il s’agit d’adapter les techniques et les textures aux capacités préservées des patients.

Pour les résidents diabétiques, quelle est l’attitude de Korian ?

Concernant les personnes âgées, il faut être un peu plus permissif : il vaut mieux qu’elles prennent plaisir à manger plutôt qu’elles suivent un régime strict et restrictif qui entraîne alors de la dénutrition.
Bien entendu, il faut faire attention et effectuer une surveillance glycémique, mais surtout pas de régime restrictif (ex : régime sans sucre) à partir du moment où la personne a une alimentation équilibrée. Ce n’est pas parce qu’elle va manger un carré de chocolat, une part de gâteau préparée lors d’un atelier culinaire ou la viennoiserie du dimanche que cela va aggraver la maladie, tant que cela s’inscrit dans une alimentation équilibrée et variée le reste du temps et dans une surveillance régulière de la glycémie : sacrifier le plaisir est tout simplement contre-productif, surtout pour les personnes âgées.

Activité physique : pensez-vous que cela peut être adapté aux patients souffrant d’anorexie/ boulimie dans un établissement psychiatrique ?

La personne anorexique mentale va d’elle-même faire beaucoup d’activité physique pour éviter de prendre du poids. En revanche, lors de la renutrition, il est important de modérer ses séances d’activité physique pour éviter les excès.
Dans les deux cas, anorexie et boulimie, le patient est sous surveillance du médecin de l’établissement avec une prise en charge à la fois psychologique et somatique (cf nutrition) en collaboration très étroite avec toutes les équipes : c’est une prise en charge pluridisciplinaire.

Que doit faire une personne âgée obèse qui doit perdre du poids ?

Il faut distinguer la personne en surpoids de la personne obèse. Dans le premier cas, il ne faut surtout pas faire maigrir la personne. En effet, les études actuelles montrent que les personnes âgées qui sont en surpoids ont une meilleure résistance et un meilleur pronostic. En revanche, les personnes obèses vont avoir davantage de complications.
Cependant il faut rester dans une logique de bon sens : s’il n’y a pas de gros retentissement sur la santé, nous n’allons pas faire maigrir une personne de 80 ans qui a toujours été en embonpoint, à la limite du seuil de l’obésité. Il ne faut pas sacrifier le plaisir de manger.

Il existe l’anorexie de la personne âgée, comment cette pathologie doit-elle être prise en charge ?

Il existe deux types d’anorexies : les anorexies primaires et les anorexies secondaires.
Dans un premier cas, il s’agit de la personne qui a toujours eu des troubles du comportement alimentaire depuis sa jeunesse, avec notamment de l’orthorexie (une attention pathologique à son régime alimentaire) avec un enchaînement de régimes restrictifs pendant toute sa vie, et in fine la personne compense moins et devient à risque de dénutrition.
Puis, dans le second cas, les anorexies secondaires aux maladies, par exemple, liées aux troubles neurocognitifs (maladie d’Alzheimer), aux troubles de la déglutition (maladie de Parkinson), ou iatrogéniques (médicaments qui modifient le goût, etc.).
Etant donné que les personnes âgées ont une modification des récepteurs du goût, et qu’elles gardent beaucoup plus le goût du sucré en vieillissant, nous prenons tous ces éléments en considération dans la prise en charge des résidents anorexiques.

Une personne ayant eu un AVC peut-elle tout consommer ou peut-elle avoir des problèmes de déglutition avec certains aliments ? Si oui, lesquels ?

Oui, une personne ayant eu un AVC peut avoir des troubles de la déglutition neurologique secondaires à l’AVC. Nous devons adapter l’alimentation aux troubles du résident/patient.

Existe-t-il un projet nutrition et santé mentale ?

Pour le moment, nous n’avons pas de projet national à ce sujet, mais c’est en réflexion. Nous disposons de cliniques spécialisées en santé mentale, et en particulier prenant en charge des patients atteints de troubles du comportement alimentaire.

Aujourd’hui je vis le problème inverse. Depuis son entrée il y a un peu moins d’un an, ma maman a pris 18 kilos. Que peut-on faire dans ce cas là ?

Il faut voir si les apports ne sont pas trop importants par rapport aux dépenses énergétiques (activité physique), ou si elle ne grignote pas trop entre les repas.

Si une personne âgée (à partir de 70 ans) doit perdre du poids dans la perspective d’une intervention chirurgicale, comment doit-elle s’y prendre ?

Il ne faut pas perdre de poids avant une intervention, sauf si le patient est trop obèse et que cela présente des risques pour l’anesthésie : à ce moment-là il est indiqué de perdre un peu de poids en effet.
Cependant, pratiquer une activité physique qui fait par conséquent prendre du muscle et perdre des kilos sur la balance, c’est parfait et même idéal pour la période pré et post-opératoire, mais perdre du poids dans le sens de se restreindre, de "maigrir" est clairement contre-indiqué et à risque de complication (retard de cicatrisation, infection, etc.)

Ma mère a souvent la bouche pâteuse en fin de journée. Est-ce lié à son alimentation ou à l’équilibre des repas ?

Il est difficile de fournir une réponse définitive à cette question. Il faudrait tenir compte des antécédents médicaux. Plusieurs facteurs peuvent contribuer, notamment le vieillissement naturel, des pathologies sous-jacentes, et même des effets secondaires de médicaments. Cela peut être multifactoriel et lié dans une moindre mesure à l’alimentation. Il est nécessaire d’en parler avec l’équipe médicale de l’établissement.

Pourquoi les personnes âgées rentrant en EHPAD perdent-elles plusieurs kilos ?

Toutes les personnes rentrant en EHPAD ne perdent pas du poids. Au contraire, elles peuvent même en prendre. S’il y a une perte de poids il faut nécessairement chercher une cause.

S’il est constaté un problème digestif, par exemple une diarrhée, quel type de régime proposez-vous ? Quid d’un régime riz-carotte-banane afin de stopper cet épisode sans médication importante ?

Oui, nous adaptons les repas suivant les pathologies aiguës ou chroniques de la personne.

Faites-vous un bilan nutritionnel régulier avec les familles ?

Un bilan global de l’état de santé des résidents est réalisé avec les proches a minima annuellement lors du projet personnalisé. La dénutrition étant une maladie, si le résident est touché, nous pouvons faire un point avec lui et sa famille. N’hésitez pas à solliciter un entretien avec l’équipe soignante si vous souhaitez faire un point sur l’état de santé de votre proche.

Que mettez-vous en place lorsqu’un résident perd du poids chaque mois ?

Nous suivons les recommandations de la HAS et des sociétés savantes concernant le dépistage, le suivi et la prise en charge de la dénutrition.

Pesez-vous les résidents de manière programmée ?

En EHPAD, les résidents sont pesés au minimum 1 fois par mois de manière institutionnelle, mais cela est fait autant que besoin. Bien sûr, chaque résident est pesé à son admission.

Une procédure en cas de perte de poids récente est-elle organisée ? Contact avec le médecin traitant ? Surveillance lors de la prise des repas ?

Oui, nous suivons les recommandations de bonnes pratiques des sociétés savantes et HAS.

Des campagnes d’intervention en EHPAD, via des véhicules équipés, du matériel nécessaire, des professionnels de santé, par exemple des dentistes, sont-elles envisageables pour faciliter l’accès aux soins et ainsi permettre aux résidents de conserver leurs sens plus longtemps ?

Nous sommes à l’écoute de ces projets sur tous les territoires, mais malheureusement ce type d’initiative n’existe pas partout.

Ma mère ne sait pas dire si elle a faim ou pas alors les aides soignants n’insistent pas. On dit que ce serait de la maltraitance. Mais ne serait-ce pas de la maltraitance que de ne pas insister pour les nourrir ?

Il y a une question éthique sous-jacente à votre question. Dans un premier temps, il faut savoir pourquoi il y a ce manque d’appétit et agir en conséquence. Après, en médecine, il faut toujours avoir à l’esprit la balance bénéfice/risque.

Comment améliorer la prise en charge des résidents atteints de dénutrition ?

Il faut améliorer son dépistage et faire de la prévention, notamment à travers la formation des professionnels.

Vous dites qu’il est nécessaire d’associer une activité physique, quid des personnes grabataires ?

Il est sûr qu’une personne grabataire est à un stade très évolué d’une pathologie. L’entretien musculaire sera difficile mais adapté avec un kinésithérapeute ou un professeur d’activité adaptée.

Comment prévenir les fausses routes ? Qu’est-ce qui est préconisé concernant les liquides et le solide ?

En premier lieu, prévenir les fausses routes passe, bien sûr, par la surveillance du résident au quotidien : état bucco-dentaire, posture lors de la prise alimentaire...
Lors de l’entrée en EHPAD, s’il y a le moindre doute, un bilan orthophonique doit être réalisé, prescrit par un médecin, pour faire le point. Cela fait partie du bilan gériatrique d’entrée en établissement.
L’un des points clefs dans la prévention des fausses routes est le bon équilibre entre la partie solide et celle liquide.
Dans nos maisons, nous proposons différentes textures comme le "repas mixé" : cela n’empêche pas le phénomène qui peut arriver, mais le limite fortement. Cet équilibre implique autant les équipes médicales et que celles de restauration, formées à ces variations de textures très spécifiques et complexes à maîtriser.

Selon quelle périodicité, les marqueurs dont l’IMC, le taux d’albumine, sont-ils vérifiés auprès des résidents ?

L’IMC est évalué à l’entrée, puis toutes les semaines dans les établissements sanitaires, et tous les mois au minimum en EHPAD. L’albumine ne fait plus partie des critères diagnostiques de dénutrition mais caractérise la sévérité de la dénutrition.

La sphère bucco-dentaire est importante dans la dénutrition. Que faites-vous pour le nettoyage des dents / dentiers ?

En EHPAD une évaluation de l’état bucco-dentaire est réalisée à l’admission et a minima annuellement. Le lavage des dents et le nettoyage des prothèses dentaires font partie intégrante des soins d’hygiène des résidents planifiés dans les plans de soin. Des consultations dentaires peuvent également être préconisées.

Une personne qui souffre de démence et qui ne veut pas d’acharnement thérapeutique, comment cela se passe-t-il au niveau de la nutrition ?

Pour une personne avec une démence évoluée voire palliative avec un refus d’alimentation, on ne mettra pas en place une alimentation artificielle, car c’est totalement contre-productif, avec plus de risques que de bénéfices. C’est une non-indication. Nous discutons du protocole en réunion pluridisciplinaire avec l’équipe soins, les personnes de confiance et la famille, en prenant en compte les directives anticipées du résident.

Les résidents sont-ils fréquemment pesés ? À quelle fréquence ?

En EHPAD, les résidents sont pesés lors de la consultation d’admission et au minimum une fois par mois mais la fréquence des pesées peut être augmentée en fonction des besoins médicaux ou des pathologies.

Vos équipes disposent-elles d’un bon matériel professionnel pour pouvoir établir des repas adaptés pour les résidents ?

Nos établissements sont équipés avec du matériel spécifique pour la restauration sur place, pour pouvoir préparer des produits alimentaires bruts et frais ainsi que du matériel spécifique à l’élaboration des repas à variations de textures.

Quelle place a l’hôtellerie, le service dans la lutte contre la dénutrition ? Que faites-vous ?

Le service est au moins aussi prépondérant que le repas en lui-même, et tout ce qui tourne autour des arts de la table, du service, de l’ambiance vont être des facteurs primordiaux. Cela favorise la prise alimentaire, et donc permet de lutter contre la dénutrition.

Dans l’établissement de mon proche, il y a à l’accueil des madeleines fraîches servies chaque jour. Pourquoi vous avez mis cette pratique en place ?

Dans nos maisons, le partage est essentiel. Et quoi de mieux que de mettre en place des lieux dédiés à la gourmandise où chacun, résident, famille peut venir se servir comme il le souhaite ? Ainsi, chaque jour nos chefs préparent des madeleines et/ou des financiers qu’ils disposent en libre accès, accompagnés de boissons fraîches et chaudes.
À tout moment de la journée, les résidents viennent se servir, échangent avec leurs voisins, leurs familles… Ce sont des lieux de convivialité, comme le café ou le salon de thé apprécié par les Aînés et leurs proches.

Vous proposez des goûters gourmands : de quoi s’agit-il?

Dans nos maisons, nous aimons créer des moments de convivialité pleins de gourmandise. Ainsi, tout au long de l’année, un rendez-vous hebdomadaire est organisé au cours duquel différentes douceurs sont proposées : crêpes et gaufres spécialement préparées par nos chefs de cuisine, accompagnées de café, thé, jus...
Il s’agit là d’un vrai moment de convivialité où les résidents se retrouvent, échangent, ce qui permet de conserver un réel lien social, essentiel au bonheur de tous.

Ma mère, qui cuisinait beaucoup, constate depuis son entrée en EHPAD qu’il y a beaucoup de gaspillage alimentaire. Comment luttez-vous contre le gaspillage ?

Le gaspillage est surveillé et réduit autant que possible dans nos établissements. Chez Korian, on gaspille à peu près 30% de moins que ce que l’on peut constater dans les environnements médico-sociaux. Les chefs et les équipes veillent à une préparation minutieuse des plats et s’efforcent de minimiser les pertes. Cependant, lorsque le service se fait en dehors de la salle de restauration, par exemple en chambre, cela peut générer un peu plus de gaspillage car nous gérons les quantités de manière moins précise. Mais même dans ce contexte, nous restons très vigilants.

Comment est gérée la restauration des EHPAD ? Est-ce une gestion centralisée ou chaque EHPAD a son autonomie ?

Chaque EHPAD fonctionne de manière autonome. Nous fournissons, en central, des conseils, des supports et des normes en matière de restauration pour garantir la qualité de l’alimentation mais chaque établissement a son propre chef et ses propres pratiques culinaires. Les traditions, les terroirs et les chefs locaux influencent le menu de chaque établissement.

Ma maman (89 ans) ne reconnaît plus le goût des aliments, du coup elle a l’impression de manger toujours le même chose : est-ce courant ? peut-on y remédier ?

Pour remédier à cela, il est intéressant de jouer sur les saveurs et les épices dans l’assiette.

Prenez-vous en considération les choix et les refus des résidents ? Participent-ils à l’élaboration des menus ?

Au sein de nos établissements, nous proposons des menus pour lesquels chaque nouvelle recette a été testée auprès d’un panel de résidents et dont la note de satisfaction est supérieure ou égale à 75%.
D’autre part, la commission restauration qui a lieu au sein de nos établissements permet d’échanger sur la prestation de la restauration et d’adapter localement les menus proposés et la carte de remplacement saisonnière.

Les personnes âgées changent-elles de goût avec le temps ?

Oui, les récepteurs du goût s’altèrent avec le vieillissement en sachant que c’est le goût sucré qui persiste le plus.

Les seniors aiment manger. C’est presque ce qu’il leur reste… Est-ce-que vous leur demandez quel sont leurs plats et desserts préférés ? Et le faites-vous ?

Dès l’entrée dans leur EHPAD, le futur résident accompagné de sa famille est invité à remplir un document "Mieux vous connaître" et y inscrit, entre autres, ses goûts en termes de repas et de boissons. Cela est ensuite pris en compte par les équipes lors de l’élaboration des repas. Régulièrement nos chefs confectionnent le plat ou le dessert préféré d’un des résidents et ce partage amène des discussions entre les résidents, la découverte de nouvelles saveurs, etc...

Qu’en est-il si la personne ne boit que du jus (de raisin) et a tendance à boire en continu si on la sert ? Peut-on choisir ses boissons lors d’un déjeuner ?

Boire uniquement du jus de raisin n’est pas bénéfique car il est indispensable de varier les boissons (de même pour l’alimentation), et cela reviendrait à des apports journaliers trop riches en sucre. Ce désir traduit peut-être un trouble du comportement, donc il revient aux équipes de modérer, toujours dans la bienveillance, ces apports en jus.
Lors du déjeuner (mais aussi lors des autres repas), le résident peut effectivement choisir ses boissons, et pour information le vin n’est pas prohibé, bien que limité : un verre de vin ou de cidre, avec l’aval du médecin, est tout à fait autorisé.

J’apporte régulièrement des aliments à mon père lors de mes visites, tels que des gâteaux, des glaces, des chocolats ou de la charcuterie, car il a beaucoup maigri et cela lui fait plaisir. Est-ce déconseillé ?

Dans des lieux avec une restauration collective, l’introduction d’aliments extérieurs est souvent limitée pour des raisons de sécurité alimentaire. Cependant, il est essentiel de maintenir le plaisir dans l’alimentation des résidents. Discutez-en avec la direction de votre établissement pour trouver le bon équilibre entre sécurité alimentaire et plaisir.

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